La nécessaire lutte d'ensemble28/11/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/11/une2052.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

La nécessaire lutte d'ensemble

La grève des cheminots et des agents de la RATP s'est donc terminée sans parvenir à faire reculer le gouvernement sur l'essentiel, c'est-à-dire le passage à 40 du nombre d'années de cotisation et la décote pour la retraite de ceux qui n'auront pas la totalité de leurs annuités.

Depuis l'attaque contre les retraites des travailleurs du privé par Balladur en 1993, les gouvernements successifs auront donc mis 14 ans pour imposer cette mesure de régression sociale à tous les salariés.

C'est un mensonge de prétendre, comme le font à la fois la droite et le PS, que la réforme de la retraite était nécessaire. Le nombre de retraités par rapport au nombre d'actifs a, certes, augmenté par rapport à il y a 30 ou 40 ans, mais la rentabilité du travail encore plus ! Si les gains de productivité avaient été répartis et pas réservés à la seule augmentation des profits, il y aurait de quoi assurer une retraite correcte pour tous sans toucher ni aux 37,5 ans de cotisation ni à l'âge de la retraite.

De plus, avec le chômage, repousser l'âge de la retraite n'augmentera pas le nombre d'actifs. Cela servira seulement de prétexte pour réduire la pension de ceux qui n'ont pas le nombre d'annuités nécessaire. Leur prétendue réforme n'a qu'un seul but : économiser de l'argent sur les retraites pour donner plus d'aides et de subventions aux entreprises. Faire crever de misère les retraités pour augmenter les profits privés.

Et que dire de cette autre saleté que le gouvernement vient de commettre en supprimant l'exonération de la redevance télévision pour les retraités non imposables ?

Les cheminots, les agents de la RATP et tous ceux des régimes spéciaux qui les ont rejoints ont eu raison de se battre. Ils peuvent reprendre le travail la tête haute, avec la fierté d'avoir réagi à la provocation gouvernementale. Mais, pour beaucoup d'entre eux, à la fierté se mêle l'amertume de n'avoir pas pu aller jusqu'au bout des possibilités de leur mouvement. La combativité de ceux de la SNCF et de la RATP a été exemplaire mais les directions syndicales, non seulement n'ont pas été à la hauteur, mais se sont placées dans le camp adverse.

Derrière la façade de l'unité syndicale, elles ont mené une politique de division des travailleurs. Elles ont cherché à couper les travailleurs des régimes spéciaux de ceux de la Fonction publique en appelant à la grève les uns le 14 novembre, les autres le 20 novembre. Seule la combativité des cheminots et des agents de la RATP, restés en grève au-delà du 20 novembre, a permis la jonction.

En annonçant, avant même que la grève commence, qu'il acceptait des négociations entreprise par entreprise, Thibault a repris à son compte la politique du gouvernement, visant à diviser le mouvement, en coupant les uns des autres cheminots, agents de la RATP, gaziers et électriciens. Quant à Chérèque, il a relayé les appels du gouvernement à la reprise. Les grévistes savaient que c'est par la lutte, et pas autour du tapis vert des négociations, qu'ils pouvaient faire reculer le gouvernement. Mais ils ont trouvé les dirigeants syndicaux face à eux.

Le mouvement a montré clairement l'opposition entre les grévistes déterminés et des directions syndicales préoccupées de s'asseoir autour d'une table de négociation pour s'entendre à l'amiable avec les pires ennemis du monde du travail.

Mais, pour paraphraser une expression célèbre, perdre une bataille n'est pas perdre la guerre. Les forces de l'ensemble du monde du travail sont intactes, et les syndicats, ce ne sont pas seulement ces dirigeants dont le ministre Bertrand et Sarkozy ont félicité la sagesse, mais aussi tous les militants syndicaux qui ont été parmi les premiers à s'indigner de la couardise de leurs directions.

Les travailleurs seront amenés à se défendre, poussés par la détérioration de leurs conditions d'existence. Il faudra alors que l'ensemble des salariés s'unissent autour de revendications communes, les salaires, les retraites et l'emploi, bien sûr, mais aussi le contrôle des comptes des entreprises et de l'usage qu'elles font de leurs énormes profits.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 26 novembre

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