Sarkozy : La rupture ? Non, la continuité.18/07/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/07/une2033.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Sarkozy : La rupture ? Non, la continuité.

Avec une quasi-unanimité, les grands moyens d'information ont présenté le 14 juillet de Sarkozy comme une rupture complète sur ceux de ses prédécesseurs. Évidemment, il y avait en tête du défilé les drapeaux et des contingents des vingt-sept pays de l'Union européenne. Mais, en dehors du refus de toute grâce présidentielle, geste destiné à son électorat le plus réactionnaire, et du fait que cette année les petits-fours de la garden-party étaient, paraît-il, représentatifs aussi de la gastronomie de tous les pays de l'Union européenne, il était bien difficile de voir une " rupture " dans le grand raout élyséen.

Sarkozy a fait toute sa campagne électorale sur le thème de la " rupture ". Mais les premières lois qu'il a fait voter confirment que toute sa politique est au contraire dans la continuité de celle menée par ses prédécesseurs, avec de nouveaux cadeaux pour les plus riches.

Le plus significatif est l'adoption du " bouclier fiscal ", qui limite à 50 % (au lieu de 60 % précédemment) le montant total des impôts sur les revenus susceptibles d'être payés par les plus riches. Selon le rapporteur du budget, moins de 250 000 contribuables seraient les bénéficiaires de cette décision.

La quasi-suppression des droits de succession s'adresse elle aussi aux couches les plus favorisées car, même si certaines familles des milieux populaires propriétaires de leur logement ou d'un petit pavillon payaient des droits de succession entre époux, ou entre parents et enfants, cela va surtout profiter aux plus fortunés.

C'est à la même clientèle de riches que s'adresse la possibilité de déduire de leur impôt sur la fortune 75 % des investissements faits dans une PME.

La seule mesure que Sarkozy ose présenter comme un avantage pour les salariés est le fait que le montant des heures supplémentaires effectuées par un salarié ne sera pas soumis à l'impôt sur le revenu. Cela se présente comme l'application du " travailler plus pour gagner plus " dont Sarkozy a fait un de ses slogans.

En fait, ce sera surtout un avantage pour les patrons, qui se voient du même coup offrir un allégement des cotisations sociales dues au titre de ces heures. Car, pour les salariés, outre que ce ne sont évidemment pas eux qui choisissent ou pas d'effectuer des heures supplémentaires, que deviendront ces heures, exonérées de tout ou partie des cotisations sociales, pour le calcul de leurs droits en cas d'arrêt maladie ou surtout pour leur retraite ? La loi ne le dit pas. Et les travailleurs qui y auraient un intérêt dans l'immédiat risquent de le payer dans l'avenir.

Loin d'être un encouragement à créer des emplois, cette loi ne peut au contraire qu'inciter les patrons à faire effectuer le même travail par moins de salariés.

Évidemment, ce " paquet fiscal ", comme ils disent, a un coût. La ministre de l'Économie a reconnu que l'ensemble représenterait plus de 13 milliards d'euros, c'est-à-dire plus que le déficit de la Sécurité sociale. Mais face à cette amputation du budget de l'État, aucun ministre, aucun économiste ne parle de dépense " abyssale ". Cet adjectif est réservé aux dépenses de santé qui concernent la grande majorité de la population. Il n'est pas de mise quand il s'agit d'arroser un peu plus les possédants.

Le gouvernement s'est engagé à reverser à la Sécurité sociale toutes ces diminutions de cotisations sociales. On pourrait le croire si, depuis des années, l'État n'oubliait pas de régler à la Sécurité sociale ce qu'il lui doit au titre de diverses exonérations de cotisations. Et quoi qu'il en soit, que la ponction soit supportée en partie par la Sécurité sociale ou soit faite dans le seul budget de l'État, cela signifie une nouvelle dégradation des services publics, dans le domaine de la santé comme dans les autres.

Le 14 juillet est une date marquante de l'histoire : celle d'un soulèvement populaire qui a obligé les privilégiés de l'époque à en rabattre un peu. Il faudra bien arriver à montrer à ceux d'aujourd'hui que cela peut leur arriver aussi.

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