PSA - Mulhouse : Un nouveau suicide au travail.18/07/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/07/une2033.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PSA - Mulhouse : Un nouveau suicide au travail.

Lundi 16 juillet à 14h30, une heure après sa prise de poste, un salarié de 55 ans s'est donné la mort par pendaison, dans l'atelier du montage de l'usine PSA de Mulhouse où il travaillait. Ouvrier de l'usine depuis près de trente ans, il avait quitté la chaîne il y a moins de deux ans, suite à des opérations du canal carpien. Son travail consistait à livrer des pièces par chariot, en bord de ligne.

Il y a encore quelques années, obtenir un poste hors ligne était relativement prisé par des salariés âgés et usés par des dizaines d'années de chaîne. Aujourd'hui, tous ces postes sont visés de la même manière par la recherche de productivité de la direction. Même sans être sur chaîne, le travail est dur, car complètement lié au rythme et aux contraintes de la chaîne.

Ce suicide intervient après celui d'un salarié de l'atelier de mécanique, au mois d'avril, également dans l'usine, et après les suicides de trois ouvriers du Ferrage, ceux-là à l'extérieur de l'usine.

Immédiatement après ce suicide, la direction a cherché à minimiser les faits : sur le lieu même de l'accident, à des salariés choqués qui trouvaient que cela commençait à faire beaucoup, un membre de la direction a osé rétorquer " il y a des suicides dans le monde entier ". Dans l'atelier du montage, où la nouvelle s'est vite répandue, certains chefs ont cru bon de défendre l'idée que le geste de ce salarié n'avait que des causes personnelles. La direction du site a tenu le même discours : tout en demandant aux organisations syndicales de rester discrètes " tant que l'enquête suit son cours " et " d'éviter les polémiques ", elle-même n'a pas attendu pour défendre son point de vue dans la presse locale, dès le lendemain, en affirmant sans vergogne que ce suicide était " sans lien direct apparent avec le travail ". Et de faire parler un technicien dans le journal télévisé de France 3, pour dire que cet ouvrier était " content de son boulot " et que " rien ne permet de penser que cela a un lien avec l'entreprise ".

Le patron a beau tout mettre en oeuvre pour ne pas reconnaître sa responsabilité dans ces suicides, le sentiment qui domine, dans l'atelier du montage (3 000 ouvriers), c'est que si notre collègue s'est donné la mort sur son lieu de travail, ce n'est probablement pas un hasard.

Suite aux suicides de deux salariés du site de Charleville-Mézières, et de ces cinq à Mulhouse depuis fin 2006, la direction vient de mettre en place... un numéro vert. Elle a organisé un " groupe de concertation sur les risques psychosociaux ", mêlant médecins de travail, psychiatre et membres d'organisations syndicales.

Toutes ces mesures qui ne lui coûtent rien permettent au patron de se défausser de sa responsabilité dans ces suicides. Mais la baisse continue des effectifs (à l'usine de Mulhouse, l'effectif est passé, entre 1999 et 2005, de 13 000 à 11 000 salariés) alors que la production augmente, les suppressions de postes, la chasse aux temps morts en production comme sur les postes de préparation, la diminution de nos temps de pause et de repos, les pressions permanentes sur le travail ou le harcèlement des salariés en arrêt maladie, tout ceci fait partie d'une seule et même politique décidée par la direction.

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