Nous faire travailler plus pour licencier plus ? Non merci !18/07/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/07/une2033.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Nous faire travailler plus pour licencier plus ? Non merci !

Pendant que Sarkozy paradait le 14 juillet et offrait sa garden party aux " victimes " et aux " accidentés de la vie " (dont Strauss-Kahn ?), ses députés ne chômaient pas à l'assemblée. Ils votaient, en cadence, 15 milliards d'euros de cadeaux fiscaux aux riches et l'exemption d'impôts et de cotisations sociales sur les heures supplémentaires.

Ce serait l'égalité version Sarkozy : même les salariés, du moins ceux qui seraient gagnés par le virus du " travailler plus pour gagner plus ", auraient droit à une bribe des privilèges des riches : quelque dégrèvement d'impôt sur les heures sup' que les patrons voudraient bien imposer.

Car le but de l'opération n'est que de baisser pour les patrons le coût des heures supplémentaires, et d'en faire la variable d'ajustement des horaires qui permet de supprimer encore des emplois. Juste au moment où de grandes entreprises du pays le font à tour de bras et encaissent les profits. Si la flexibilité des horaires et l'intensification du travail des salariés ne suffisent pas pour satisfaire leurs commandes, elles pourront, à peu de frais, charger les travailleurs d'heures sup, quitte à les esquinter plus vite à la tâche.

Ainsi Airbus maintient le cap de la suppression de 10 000 emplois. Sarkozy est intervenu, et au plus haut niveau, en négociations serrées avec Angela Merkel et les coactionnaires allemands sur le partage des postes de direction : le Français Louis Gallois est désormais assuré d'être à la tête de la maison mère EADS, l'Allemand Thomas Enders prenant la direction d'Airbus, le principal secteur industriel du groupe. Le mérite de Louis Gallois, selon Sarkozy, serait d'être l'artisan du plan Power 8, de licenciement massif alors qu'Airbus s'est enorgueilli bruyamment lors du dernier salon du Bourget de crouler sous les commandes. Les travailleurs qui resteront n'auront qu'à suer un peu plus.

Peut-être à coup d'heures supplémentaires détaxées, au bénéfice essentiel des patrons.

Autre grand producteur de chômeurs : PSA, 1 milliard d'euros de profits par an en moyenne depuis dix ans. Après plus de 7 000 suppressions d'emplois dans la production l'an dernier, dont la fermeture de l'usine de Ryton en Angleterre et le départ de milliers d'intérimaires, c'est un plan de 4 800 suppressions de postes de cadres, ingénieurs, techniciens, ouvriers professionnels, essentiellement dans les secteurs de recherche ou administratifs, qu'a lancé le nouveau Pdg du groupe, Christian Streiff. À boucler si possible d'ici décembre prochain. Sans douleur, prétend-il, par des départs volontaires, grâce à un " Plan de gestion de l'emploi et des compétences " pour lequel PSA a obtenu la signature de tous les syndicats, sauf la CGT. Et les chefs de service sont chargés de fabriquer des volontaires, à grands coups de publicité, de " forum pour l'emploi " et de pressions constantes sur le thème " vous n'avez plus d'avenir ici " ! Aux cadres surtout on promet quelque appui pour aller se faire voir ailleurs, un piston pour autre grand groupe (EADS dont vient Streiff, s'abstenir !) ou un cabinet de sous-traitance (qui vous renverra peut-être à PSA), ou bien un maigre pécule pour vous lancer seul dans la création d'entreprise... Aux autres, on propose les listes d'attente.

Cette saignée ne concerne pas que des cadres (1 200 à faire partir) ou ETAM (1 800) mais aussi des ouvriers (1 800). Dans les secteurs de production également, les fournées continuent : la direction de l'usine de Citroën Aulnay vient d'annoncer la suppression d'une chaîne de montage sur les deux du site, pour juillet 2008. Soit près de 1 000 postes en moins. Alors que les objectifs de production sont à peine revus à la baisse. Aux ouvriers restants de suivre la cadence, d'y laisser leur dos et toutes leurs articulations. La direction les invite déjà à se préparer à un nombre plus grand de samedis travaillés.

Le voilà le " cadeau " des heures supplémentaires, à bon marché pour les patrons !

Sur la question et bien d'autres, les directions des confédérations se font discrètes. Un programme pour les travailleurs, à opposer à ces projets scélérats du gouvernement en faveur du patronat ? Sans aucune revendication ferme et hardie, elles demandent à être associées aux éventuels projets de réforme. Rien de leur part, pour aider les travailleurs et même simplement les militants de ces entreprises à se rencontrer, à se coordonner, à préparer une riposte d'ensemble à cette politique pourtant partout la même ! La concertation, les discussions seraient-elles réservées aux sommets, aux " partenaires sociaux ", dirigeants des confédérations syndicales, patrons et ministres ? Pas aux travailleurs, entre eux ?

Tiens donc ! Voilà à quoi les militants désireux de sortir de l'enfermement de leur entreprise voire de leur site vont devoir porter remède.

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