Le 17 juillet 1942 : La rafle du " Vel d'Hiv "18/07/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/07/une2033.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Divers

Le 17 juillet 1942 : La rafle du " Vel d'Hiv "

Le 17 juillet 1942 à l'aube, il y a 65 ans, commençait la grande rafle des Juifs parisiens. Elle devait rester dans l'histoire comme la " rafle du Vel d'Hiv ", puisque des milliers d'entre eux devaient rester plusieurs jours dans le 15e arrondissement, au " vélodrome d'hiver " - aujourd'hui détruit - avant d'être pour la plupart déportés vers les camps de la mort.

Dès 7 h 30 du matin, la Préfecture enregistrait le " ramassage " de 4 044 Juifs, puis de 6 587 à 10 h 30, de 8 673 à 11 h 40, de 11 363 à 15 heures... La comptabilité était minutieusement tenue par la police. En tout, plus de 13 000 hommes, femmes et enfants furent arrêtés pour le seul fait d'être fichés comme Juifs.

Dans chaque arrondissement, les autobus les conduisirent dans des " centres primaires de rassemblement ", en fait des centres de triage. Les adultes sans enfants furent conduits directement au camp de Drancy tandis que les autres, essentiellement des femmes et des enfants, étaient menés au Vel d'Hiv où ils devaient rester cinq jours dans des conditions innommables.

Si l'opération avait été commanditée par les autorités allemandes d'occupation, ni les SS ni la Gestapo n'eurent à y prendre part directement. Six mille fonctionnaires de la police française avaient été mis à pied d'oeuvre pour exécuter la besogne. Cinquante autobus furent mis à leur disposition. Le gouvernement français présidé par Pétain fournissait des milliers d'exécutants qui, à quelques exceptions près, allaient remplir leur rôle jusqu'au bout. C'est grâce à cette collaboration que put ainsi être mise en oeuvre en France l'opération, dite " Vent printanier ", qui prévoyait des rafles dans les pays européens pour aboutir à la " Solution finale au problème juif ", c'est-à-dire à leur extermination.

Vichy au-devant des désirs des nazis.

Immédiatement après sa mise en place à Vichy en juillet 1940, le gouvernement français avait édicté une loi ordonnant la révision de toutes les naturalisations accordées dans les années 1930, qui toucha plusieurs milliers de Juifs. En août, il avait aboli la loi Marchandeau qui réprimait les actes et déclarations racistes. En septembre, cette fois sur prescription des Allemands, chaque préfecture entreprit avec zèle la constitution du fichier des Juifs qui allait se montrer si utile pour venir les cueillir au petit matin directement à leur adresse. En octobre, le ministre de la Justice promulguait le premier " statut des Juifs " selon des critères encore plus drastiques que ceux exigés par les nazis. Ils furent exclus de la fonction publique, de la presse, du cinéma, avant de l'être, l'année suivante, de toute profession commerciale, artisanale ou industrielle. Les entreprises grandes et petites appartenant à des Juifs furent " aryanisées " : c'était la spoliation organisée par l'État.

Pendant toute la durée de son existence, l'État français de Pétain multiplia les gestes d'allégeance à cette politique raciste et criminelle. Un mois avant la rafle du Vel d'Hiv, Bousquet, à la tête de la police de Vichy, rassurait le commandement supérieur des SS en France : " Vous connaissez l'efficacité de la police française. Déjà dans de nombreuses affaires vous avez pu constater son activité et l'efficacité de son action. Je suis certain qu'elle peut faire encore davantage. "

L'" efficacité " policière.

Le 7 juillet, le plan d'action de la rafle était décidé par les autorités allemandes et celles de Vichy. Il prévoyait l'arrestation de 22 000 Juifs étrangers ou apatrides des deux sexes, âgés de 16 à 45 ans. Trois jours plus tard, à l'issue du Conseil des ministres qui se tint à Paris, le compte-rendu osait cyniquement déclarer : " Dans un souci d'humanité (sic !), le chef du gouvernement a obtenu - contrairement aux premières propositions allemandes - que les enfants, y compris ceux de moins de 16 ans, soient autorisés à accompagner leurs parents. " Quelques semaines plus tard, dans les camps de concentration du Loiret (Beaune-la-Rolande et Pithiviers), les enfants furent brutalement séparés de leurs mères qui allaient être déportées. Les enfants le furent aussi, mais plus tard, avec d'autres adultes.

La rafle du Vel d'Hiv ne fut pas la première et elle ne fut pas la dernière non plus. Entre 1941 et 1944 plus de 80 000 Juifs furent déportés. L'État français de Pétain apporta toute sa collaboration à l'opération, et avec lui un grand nombre de ses hauts fonctionnaires et de ses responsables policiers.

Quelques années plus tard, en 1944-1945, la plupart des forces politiques, de droite et de gauche, s'entendirent pourtant pour fabriquer la légende de la " conduite héroïque " de la police française sous l'Occupation... Une légende intéressée, dont le but était de remettre en selle un appareil d'État qui, après avoir servi sans broncher Pétain et les nazis, devait désormais servir, pratiquement inchangé, à assurer dans la continuité le pouvoir " démocratique " de la bourgeoisie française.

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