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- Lutte ouvrière n°2033
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Leur société
La gauche et la droite ne sont pas identiques mais sont interchangeables.
Après Jack Lang, à qui le tour ? À voir la succession de membres importants du Parti Socialiste qui ont répondu aux avances de Sarkozy, on peut se poser la question. Chacun de ces transfuges nous chante qu'il n'abandonne pas ses idées et ses engagements passés. Si on doit les croire, c'est que fondamentalement rien ne les différenciait vraiment de leurs concurrents de la droite, et que le port de l'étiquette de gauche dont ils se paraient jusqu'alors ne signifiait rien.
Du moins au sens qu'avait et qu'a encore ce qualificatif pour des millions de gens, pour lesquels être de gauche signifie être du côté des classes populaires, des exploités, mais pas dans le camp des nantis, des patrons, des exploiteurs.
Entre les politiciens de gauche et ceux de droite, beaucoup pensaient qu'existait une différence sensible, comme une frontière. Qu'elle soit franchie allégrement par certains, et non des moindres, laisse penser que cette gauche est en train de disparaître. Sur le plan électoral, c'est bien possible. La SFIO qui précédait le Parti Socialiste avait ainsi disparu jusqu'à ce que François Mitterrand, un homme qui, comme François Bayrou, venait de la droite, la rachète d'occasion et pas cher, pour, avec l'aide du Parti Communiste qui lui apporta son électorat, s'en servir de monture , et après des années, parvenir au pouvoir.
Mais, en fait, la gauche actuelle, celle des Lang, des Kouchner, des Strauss-Kahn, des Védrine, des Bockel, pour ne citer que ceux qui ont récemment troqué leur casaque pour celle de l'équipe Sarkozy, plus facilement encore qu'un footballeur change de club, l'a-t-on vue lorsqu'elle était au pouvoir combattre le capital pour aider les travailleurs lorsque ceux-ci ont eu à résister aux coups qu'on leur portait ? On peut d'ailleurs ajouter les François Hollande et, bien sûr, aussi Ségolène Royal qui dit maintenant que, personnellement, elle n'était pas pour le smic à 1 500 euros. On le voit aujourd'hui, Ségolène Royal aurait été élue que cela n'aurait rien modifié tant ces gens qui viennent du même milieu sont interchangeables.
Tout cela est vrai aussi bien pour ceux qui restent encore au bercail socialiste que pour ceux qui l'ont quitté pour la soupe de Sarkozy. Non seulement ils n'ont pas aidé la classe ouvrière, les classes populaires à résister à l'exploitation, non seulement ils n'ont pas contribué à améliorer leur sort mais, quand ils exerçaient le pouvoir, ils ont distribué eux aussi les mauvais coups et décidé de mesures ouvertement antiouvrières. Alors, à propos de ceux qui ces jours-ci ont révélé ouvertement que, sous les étiquettes, leurs identités politiques étaient indiscernables, on ne peut que dire : bon débarras !
Mais il serait faux de conclure que puisque ces politiciens qui se disaient de gauche se montrent tels qu'ils sont, il n'y aurait plus rien à faire contre Sarkozy et sa politique. Les idées de gauche, telles que les conçoivent les femmes et les hommes des milieux populaires pour qui elles sont synonymes de défense des intérêts des travailleurs, continuent à exister dans nombre d'entreprises, dans les villes, les quartiers. Elles vivent au travers des militants qui, chacun à leur niveau continuent à s'opposer à l'exploitation, à organiser cette opposition face à des patrons qui auraient tort de croire que tout leur est permis.
Les grèves, les mouvements de protestation n'ont en réalité jamais cessé, ni avant l'élection de Sarkozy ni après, même quand cela ne fait pas la Une des journaux.
Ils ne sont en effet pas du tout rares, ceux qui pensent que le combat contre ce système économique, qui fait que l'enrichissement scandaleux de quelques-uns se traduit par l'appauvrissement de la grande majorité, reste une nécessité impérieuse.