Hôpital public en danger.18/07/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/07/une2033.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Hôpital public en danger.

" Bombe à retardement " : c'était le terme employé en novembre 2006 dans le rapport de la mission Berland, chargée d'étudier l'état et les perspectives d'évolution du nombre de médecins dans les hôpitaux. Les auteurs évoquaient par là la vraisemblable pénurie de médecins dans les années à venir, mettant en équation la " diminution annoncée du nombre de médecins " et l'accumulation par les praticiens d'heures et de journées de travail supplémentaires non récupérées. Lorsqu'elles le seront, prédisait la mission, elles provoqueront - par des congés ou des départ anticipés à la retraite - une chute importante des effectifs des médecins hospitaliers.

Un rapport de la conseillère générale des établissements de santé mentionne le nombre de jours accumulés dans les Comptes Épargne Temps (CET) dont les médecins, infirmières, aide-soignantes et autres personnels paramédicaux disposent. Ceux-ci comptabilisent toutes les journées de travail faites au-delà de leurs horaires normaux, et qu'ils ne peuvent jamais récupérer faute d'effectifs.

Il y aurait actuellement sur ces CET un million de journées de médecins et 1 250 000 jours de travail d'autres personnels des établissements de soins. La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, met en cause le passage, début 2002, aux 35 heures hebdomadaires dans les hôpitaux et ceux qui n'ont " pas suffisamment réfléchi aux réorganisations qui auraient permis sans doute de mieux les supporter ". Celle qui se veut " ministre de la qualité des soins " continue pourtant de plus belle la politique qui consiste à combler la pénurie de personnel par le recours aux heures supplémentaires. Elle a même imaginé un décret prévoyant de relever de 50 % le plafond annuel des heures supplémentaires des personnels hospitaliers, le portant de 10 à 15 heures par mois, et même plus pour certaines professions.

Pour les membres de la mission Berland, la solution serait de " désamorcer la bombe " en permettant aux établissements de soins de rémunérer les jours de CET. Ils considèrent, semble-t-il, comme admis qu'il soit impossible de les récupérer par des congés ! Mais même dans ce cas un problème de financement se poserait, qui se répercuterait sur d'autres chapitres des dépenses hospitalières. Et ni les uns ni les autres n'envisagent de s'attaquer au véritable problème, qui est un problème d'effectifs et de recrutement. Selon la CGT, sur l'ensemble du pays, 15 000 postes budgétés seraient vacants et le nombre de postes supplémentaires nécessaires pour pourvoir aux besoins des établissements serait de l'ordre de 40 000.

Actuellement, même en dehors des périodes de vacances, il n'est pas rare qu'une infirmière ou une aide-soignante travaille de 7 heures à 14 h 30 et doive revenir le même jour de 21 heures à 7 heures le lendemain. D'autres sont priées de venir en heures supplémentaires alors qu'elles ont posé un jour de congé. Les heures supplémentaires se font au détriment des conditions de travail des soignants et parfois, par conséquent, de la prise en charge des malades.

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