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- Lutte ouvrière n°2022
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Leur société
Meeting à Charlety : Le 1er Mai de Ségolène Royal
Lors de son meeting-spectacle à Charlety, le 1er mai, Ségolène Royal a reproché à Doc Gyneco de ne pas être Malraux et à Sarkozy de ne pas être De Gaulle. Les petites phrases se succèdent, Sarkozy faisant semblant de s'inscrire dans la lignée de Jaurès, la candidate du PS à son tour lui fait reproche d'être un usurpateur du gaullisme. Mais encore ? Ce petit jeu des références avec des personnages du passé, outre qu'il est lassant est totalement dénué d'intérêt.
Poursuivant la polémique sur la valeur travail, un des thèmes chers à son concurrent, elle lui a rétorqué : " La valeur travail n'est pas un artifice de discours, la valeur travail c'est d'abord payer le travail à sa valeur ". Mais pour ne pas être accusée à son tour d'user d'artifice, encore faudrait-il dire comment et par qui est fixée cette valeur. Par le marché, ce qui revient à laisser les mains libres aux patrons ? Ou, au travers d'un rapport de force, comme en juin 36 ou en mai 1968, périodes où les travailleurs avaient réussi à imposer par la grève des revendications qui allaient bien au-delà de ce que proposaient, c'est évident, le patronat, mais aussi bien plus que ce proposaient avant les grèves les ancêtres politiques de Ségolène Royal. Et bien au-delà de ce que la candidate du PS propose aujourd'hui, dans son " pacte présidentiel ", qui est bien timide sur ces questions.
Dans une envolée elle a déclaré : " Je ne veux plus voir ces femmes en pleurs devant les grilles de leur entreprise fermée, les regards des ouvriers licenciés sans protection. Et ceux qui philosophent sur la valeur travail, ont-ils vu ces citoyens-là ? ". On ne va pas reprocher à Ségolène Royal de ne les avoir entrevus que fort récemment. Mieux vaut tard que jamais, dira-t-on. Mais saura-t- elle encore les voir avec le même regard demain si elle est élue ? Une fois encore, elle ne dit pas ce qu'elle ferait pour empêcher qu'une telle situation se perpétue. C'est un silence éloquent. Elle se contente d'expliquer qu'elle veut " une France apaisée, sans dresser les Français les uns contre les autres ". Mais quel apaisement ? Les patrons sont pour, à leur façon. Ils ne veulent pas de conflit dans leur entreprise, ils veulent des salariés qui travaillent et se taisent, des salariés bien pacifiques, pour ne pas dire soumis. Mais derrière ces propos angéliques la réalité de tous les jours est celle de la lutte de classe. Et aujourd'hui le patronat la mène sans grands discours, mais avec une constance et une brutalité illustrées ces derniers temps par les charrettes de licenciements comme à Airbus, à Alcatel-Lucent... Cette réalité est loin du conte pour enfants que nous récite Ségolène Royal.