L'IVG autorisée à Mexico : Une avancée pour les femmes... contestée par l' Église02/05/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/05/une2022.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

L'IVG autorisée à Mexico : Une avancée pour les femmes... contestée par l' Église

Le 24 avril, l'Assemblée législative de la ville de Mexico a autorisé les femmes à recourir à une interruption volontaire de grossesse (IVG) jusqu'à la douzième semaine, gratuitement pour les plus pauvres. Elle a du même coup décidé de développer l'éducation sexuelle et la contraception. Cette loi ne concerne que les habitantes de la capitale. La gauche y domine, en particulier, le PRD, " Parti de la Révolution Démocratique " de Lopez Obrador, qui l'an dernier avait vivement contesté les conditions dans lesquelles il avait été battu par la droite à l'élection présidentielle.

Les 31 autres États mexicains conservent la loi antérieure, qui n'autorise l'IVG qu'en cas de viol, de danger pour la santé de la mère et de malformation du foetus. Mais, même dans ces cas très limités, l'IVG est à peu près inaccessible aux pauvres, l'inertie des autorités face aux très nombreux viols s'ajoutant aux pressions de l'Église catholique. Il y aurait donc chaque année dans le pays près d'un million d'avortements clandestins, entraînant des dizaines de milliers de morts. Les femmes des classes aisées, elles, peuvent en toute sécurité interrompre une grossesse en clinique, au Mexique ou à l'étranger.

Une violente campagne s'est déchaînée contre le projet de loi dépénalisant l'IVG à Mexico. Depuis 1991, le clergé catholique reconquiert une à une les positions officielles perdues lors de la vague révolutionnaire du début du 20ème siècle. Malgré l'existence d'un secteur de catholiques favorables à la libéralisation de la loi, les évêques ont brandi la menace de l'excommunication. Le pape Benoît XVI, qui doit prochainement présider au Mexique une conférence générale des évêques latino-américains, a stigmatisé ce qu'il ose appeler une " culture de la mort ", sans aucunement s'inquiéter du sort de celles qui meurent dans d'horribles conditions des suites d'un avortement clandestin.

La droite, en particulier le PAN qui occupe la présidence et dirige de nombreux États, a dénoncé, elle, " la démocratie en danger de mort ", le " terrorisme " des partisans de l'IVG, comparés à Hitler. Les associations réactionnaires du type "Laissez-les vivre" ont diffusé leurs discours mensongers. Ces gens-là réclamaient l'organisation d'un référendum - quoi de plus démocratique, en apparence ? - qui leur permettrait à la fois d'isoler la capitale, plus avancée, et d'exercer largement leurs multiples moyens de pression. Ils vont maintenant demander que la Cour constitutionnelle casse la loi votée à Mexico.

Les députés de Mexico ont eu le courage de reconnaître dans leur ville ce qui devrait être reconnu à toutes les femmes : le droit de décider d'avoir ou non un enfant. Face aux bigots et aux réactionnaires de toute sorte, il faut souhaiter que la loi votée pour Mexico s'étende à l'ensemble du pays et à l'ensemble des pays de l'Amérique latine, où l'influence de l'Église catholique reste forte et où les droits des femmes ne sont pas du tout reconnus en particulier celui de décider librement d'avoir ou pas un enfant.

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