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- Lutte ouvrière n°2022
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Editorial
Faute de pouvoir changer la vie, empêcher Sarkozy d'être élu président
À droite, toute ! Pendant les derniers meetings de sa campagne, Sarkozy ne veut surtout pas louper sa base électorale naturelle, l'électorat de droite bien réactionnaire, méprisant à l'égard du monde du travail. Il se pose en homme d'ordre, en défenseur de la hiérarchie sociale. Et en proclamant, lors de son meeting de Bercy, qu'il veut surmonter " une crise morale comme la France n'en a peut-être jamais connu, sauf peut-être au temps de Jeanne d'Arc ", il prend jusqu'à la posture de Le Pen.
Avec Sarkozy, s'il est élu, il n'y a pas de doute sur ce qui attend les travailleurs. Son langage d'extrême droite ne l'empêche pas de se présenter " en porte-parole du peuple ", de " ceux qui travaillent dur " ou de " ceux qui se lèvent tôt ". Mais s'il aime les travailleurs, il les aime saignants !
Le pouvoir d'achat ? Pour gagner plus, il faut travailler plus ! Le patronat n'a, certes, pas besoin de Sarkozy pour faire crever au travail ceux qui ont un emploi et pour maintenir au chômage ou dans la précarité les cinq ou six millions de femmes et d'hommes qui n'en ont pas. Mais Sarkozy en fait un programme politique et le patronat peut être sûr de pouvoir compter sur lui.
Les travailleurs du service public ? Sarkozy annonce qu'il ne remplacera qu'un travailleur sur deux qui partiront en retraite. Cela contribuera encore à détériorer la situation dans les hôpitaux, à l'Éducation nationale, dans les transports publics, et cela aggravera encore le chômage.
Les retraites ? Sarkozy promet la suppression des régimes spéciaux en se posant en justicier, partisan de l'égalité entre toutes les catégories. Bien sûr, à ses yeux, l'injustice n'est pas que Balladur ait fait passer la durée de cotisation de 37 ans et demi à 40 ans pour les salariés du privé, avant que Raffarin en fasse autant pour la plupart des fonctionnaires ! Démolir la situation d'une grande partie du monde du travail, puis présenter les autres comme des privilégiés pour aggraver la situation de tous, le procédé a souvent servi.
En même temps que Sarkozy annonce les coups supplémentaires qu'il compte porter aux travailleurs, il annonce, à l'intention du patronat, une réduction, une de plus, de l'impôt sur les bénéfices des sociétés et, à l'intention de la bourgeoisie, le plafonnement à 50 % de l'impôt sur les revenus des plus riches et la réduction de l'impôt sur les successions.
Si le programme de Sarkozy ne mérite que d'être rejeté par les travailleurs, en raison de ce qu'il contient, celui de Ségolène Royal a de quoi soulever leur méfiance, surtout en raison de ce qu'il ne contient pas.
Ségolène Royal promet une augmentation du smic à 1 500 euros, mais en brut et seulement pour la fin de la législature. On peut se dire que c'est moins pire que de ne pas se donner la peine d'en parler, mais ce n'est pas cela qui va augmenter le pouvoir d'achat des smicards, sans parler des autres à qui rien n'est promis !
Promettre une augmentation de 5 % des petites retraites, c'est, aussi, mieux que rien, mais ce ne sont pas 30 euros de plus par mois pour les pensions les plus faibles qui permettront aux retraités de mieux survivre ! Et le reste est à l'avenant.
Dimanche prochain, le choix sera entre un candidat qui est un ami proclamé du grand patronat, un ennemi ouvert des travailleurs, et une candidate qui, faute de vouloir affronter le grand patronat, ne pourra rien pour les classes populaires.
Si le vote de ce dimanche ne permet pas de changer la vie, il peut permettre cependant d'écarter Sarkozy, son arrogance et son mépris du monde du travail. C'est le souhait d'une grande partie de l'électorat populaire et c'est aussi le mien. Par solidarité avec tous ceux qui ne veulent pas que Nicolas Sarkozy soit élu président, j'ai appelé, dès le soir du premier tour, à voter Ségolène Royal, sans réserve mais sans la moindre illusion. Quant à changer la vie ou, simplement, rejeter la politique propatronale, il faudra de puissantes luttes sociales. Il n'y a pas d'autre voie !
Arlette LAGUILLER
Éditorial des bulletins d'entreprise du 1er mai