Élections : La proportionnelle ferait-elle le jeu du Front National ?02/05/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/05/une2022.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Élections : La proportionnelle ferait-elle le jeu du Front National ?

Ceux que la perspective d'une représentation proportionnelle effraie ou rend méfiants ont souvent pour argument qu'elle donnerait un nombre très important de députés au Front National et renforcerait ainsi son audience. Autant, selon eux, ne rien changer au mode de scrutin actuel. Par la même occasion, ils refusent aux électeurs de tous les petits partis, en particulier d'extrême gauche, toute possibilité d'être représentés à l'Assemblée.

Certes, voir, comme en 1986, trente-cinq députés du Front National, dont Le Pen lui-même, siéger à l'Assemblée n'a rien de réjouissant. Il faut d'ailleurs noter qu'un certain nombre d'entre eux étaient de vieux chevaux de retour de la politique politicienne, ayant arboré, bien avant, une autre étiquette de droite classique censée être plus " respectable ".

Mais le problème essentiel n'est pas tant la représentation du Front National que son audience. Son absence de l'Assemblée nationale, après 1988, ne l'a pas empêché d'accroître celle-ci. Quant à la présence de Le Pen au second tour de la présidentielle de 2002, elle a reflété l'importance de son électorat, qui n'avait pourtant pas crû de façon significative, mais elle a aussi révélé une des causes de son succès : l'incapacité de la gauche à mener une politique au service des travailleurs. Le Front National a un électorat traditionnel, de petits bourgeois réactionnaires et viscéralement anticommunistes ; mais il a aussi poussé sur le terreau de la stagnation économique, de la croissance du chômage, de la démoralisation de la classe ouvrière dont une partie a été sensible à sa démagogie xénophobe, sans voir à quel point le parti de Le Pen est avant tout antiouvrier.

C'est pourquoi, il n'y a qu'une façon de s'opposer au Front National, comme à Sarkozy, qui vient de lui ôter - momentanément ? - une partie de son électorat en défendant les mêmes idées. Et il ne s'agit plus d'élections. Il faut redonner à la classe ouvrière l'envie de combattre pour ses intérêts propres et le moral pour s'opposer aux attaques du patronat, sans attendre quoi que ce soit des urnes.

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