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Débat Royal-Bayrou : Quand Sarkozy fait sa colère
Samedi 28 avril, le débat entre Ségolène Royal et François Bayrou n'a pas donné lieu au ralliement de ce dernier à la candidate socialiste, ce que d'ailleurs personne n'attendait. Si le centre, qui dit vouloir faire de la politique autrement, ne s'est pas rallié à la gauche gouvernementale, les deux débatteurs ont néanmoins obtenu ce qu'ils voulaient. Bayrou éliminé après le premier tour, continuait à occuper un rôle avant le second tour. Royal faisait aussi bonne figure aux sept millions d'électeurs centristes. Le lendemain sur Canal Plus, elle enfonçait d'ailleurs le clou. En répondant à une question sur la possibilité de voir Bayrou Premier ministre, elle a dit : " Je ne m'interdis rien ", ajoutant quand même que ce n'était pas le plus vraisemblable.
Mais ce débat qui a souligné que Royal et Bayrou avaient des points de convergence, ce que leurs campagnes du premier tour avaient largement démontré, a déclenché la colère de Nicolas Sarkozy. Celui-ci n'a pas eu de mots assez durs pour fustiger cette rencontre jugée " antidémocratique ", parlant même de " combines contraires à l'esprit des institutions " de la Ve République. Voulant peut-être faire " peuple ", il y est allé d'une comparaison sportive en demandant si dans la coupe du monde de football, on voyait une équipe jouer en finale, alors qu'elle n'avait pas été qualifiée. Pour lui, seuls deux candidats avaient droit de parole, les autres devant se contenter d'un communiqué indiquant leur préférence pour le second tour.
En ce sens Sarkozy a raison : l'esprit de la cinquième République, c'est deux candidats seulement au deuxième tour, afin que le candidat élu, le soit avec la majorité absolue, pour lui assurer plus d'apparence de légitimité, même s'il a obtenu moins de 20 % des voix au premier tour comme en 2002. C'est ainsi que Jospin s'est fait éliminer cette année-là et que Chirac s'est fait plébisciter au deuxième tour... avec les voix des grands partis de gauche. C'est un jeu où les dés sont pipés, et que ni Ségolène Royal ni Bayrou n'ont jamais dénoncé.