Belgique : Les conflits communautaires pour masquer une politique au service des riches02/05/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/05/une2022.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique : Les conflits communautaires pour masquer une politique au service des riches

Alors que des élections législatives sont prévues en Belgique le 10 juin, nous publions ci-après des extraits de l'éditorial de La Voix des Travailleurs du 10 avril, bulletin communiste trotskyste publié à l'usine Volkswagen de Bruxelles.

" Les Flamands dépensent plus dans les restaurants que les Wallons ", " Le Wallon plus écologique que le Flamand ", " Les Flamands mesurent en moyenne 2 cm de plus que les Wallons "...

Pendant que les journalistes nous trouvent des différences sous prétexte de rapprocher les communautés, le monde politique prépare les élections législatives... en battant la mayonnaise communautaire.

Il est question d'un nouveau transfert de compétences de l'État fédéral vers les régions, notamment pour la politique de l'emploi, comprenez : les régions décideraient des allocations de chômage et des impôts que doivent payer les entreprises. Mesure exigée par les partis flamands, contestée par les partis francophones.

Les partis des deux côtés de la frontière linguistique s'envoient des noms d'oiseaux sur cette question, les uns traitant les Francophones d'incapables d'apprendre le néerlandais, les autres traitant les Flamands de " régressistes " voulant casser la " solidarité ". Mais derrière le spectacle, ils sont tout à fait d'accord sur le fond.

Car ce nouveau transfert de compétences vers les régions ne profitera qu'aux riches et facilitera la mise en oeuvre de la politique du patronat, qui ne rêve que de pouvoir exploiter encore plus les travailleurs, dans toutes les régions et dans toutes les langues du monde.

Les entreprises pourront pratiquer la surenchère fiscale entre les régions pour faire baisser leurs impôts. Il leur suffira de menacer de délocaliser... de l'autre côté de la frontière linguistique. De même, la régionalisation des caisses de chômage sera un prétexte pour diminuer les allocations et les limiter dans le temps, dans les deux parties du pays. Mettre les chômeurs dans une situation où ils seront forcés d'accepter n'importe quel travail, pour n'importe quel salaire, ne créera pas plus d'emplois, mais permettra au patronat de baisser les salaires de tous.

Mais baisser les impôts des entreprises - qui sont déjà passés de 42 % à 32 % au cours des deux dernières législatures -, baisser encore plus les charges patronales, distribuer des cadeaux aux entreprises, c'est la politique de tous les grands partis, au sud comme au nord du pays.

Leterme (un des dirigeants du CD&V, parti chrétien-démocrate flamand) peut désigner comme responsables les chômeurs wallons, aux électeurs flamands, mais ce n'est pas dans les poches des chômeurs wallons, mais dans celles des actionnaires des grandes entreprises, qu'ont disparu 6 milliards d'euros de baisses de charges patronales.

Et Di Rupo (PS) peut préparer son électorat à des coupes sombres dans la Sécurité sociale en jetant la faute sur les Flamands pas " solidaires ". Son Plan Marshall, pour lequel il a trouvé 1 milliard d'euros en réduisant les budgets sociaux et culturels de la région, pour les distribuer à des entreprises aussi bénéficiaires que l'UCB ou GSK (deux trusts pharmaceutiques) qui ne sont même pas obligées d'embaucher, est-il solidaire des travailleurs ?

Alors, pour les travailleurs, la régionalisation n'est que de la poudre aux yeux. Elle sert à détourner l'attention de la main qui fouille leurs poches pour distribuer aux riches les richesses que les travailleurs ont créées.

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