Alcan - Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie) : Les travailleurs et la population manifestent02/05/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/05/une2022.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Alcan - Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie) : Les travailleurs et la population manifestent

Le mardi 24 avril, à l'appel de la CGT, les travailleurs de l'usine Alcan (ex-Péchiney) et la population de Saint-Jean-de-Maurienne ont manifesté leur inquiétude concernant l'avenir de l'usine et se sont opposés, par avance, aux mauvais coups que pourrait préparer la direction d'Alcan.

C'est plus de cinq cents personnes qui se sont retrouvées dans les rues de Saint-Jean-de-Maurienne, ce qui est beaucoup pour cette petite ville de dix mille habitants. L'ambiance était dynamique : fumigènes et pétards alternaient avec les slogans. Beaucoup de jeunes, dont des lycéens, étaient là, donnant du tonus au défilé. De nombreux commerçants avaient baissé leur rideau.

Il faut dire que le sort de l'usine Alcan de Saint-Jean-de-Maurienne est vital pour toute la population. Elle est le plus gros employeur de la vallée, avec 775 salariés et 80 intérimaires. Entre emplois directs et indirects, c'est plus de 4 000 personnes qui vivent de l'activité de cette usine. Ce serait donc une véritable catastrophe pour la région si cette entreprise venait à disparaître. Or les inquiétudes sont vives quant aux intentions de la direction d'Alcan vis-à-vis du site de Saint-Jean-de-Maurienne.

Alcan, un trust canadien, est le deuxième groupe mondial pour la métallurgie de l'aluminium, après son rachat de Péchiney. Ce groupe a fait des bénéfices records en 2006, avec plus de deux milliards d'euros. L'usine de Saint-Jean-de-Maurienne, la deuxième du groupe en France après celle de Dunkerque, marche à fond et rapporte gros : 107 millions d'euros en 2006. Les 135 000 tonnes d'aluminium qui sont sorties de l'usine en 2006 l'ont été avec moins de salariés.

La charge de travail est plus lourde et les conditions de travail sont dures. Il fait 50 à 60 degrés près des cuves à électrolyse. Travailler dans un champ électromagnétique puissant n'est pas sans conséquences sur les organismes. Les cuves à électrolyse sont, pour certaines, poussées à 380 000 ampères et la prochaine génération, déjà expérimentée à l'usine, sera à 500 000 ampères.

Dans cette usine, très grosse consommatrice d'électricité, des contrats préférentiels sont passés avec EDF pour des années. Le contrat en cours se termine en 2012. Pour les années suivantes, des négociations ont lieu en ce moment. Mais la direction d'Alcan refuse obstinément de dire ce qu'il en est et si elle s'engage au-delà de 2012. De même, le plan d'extension prévu précédemment, et dont les travaux devraient commencer, semble mis de côté. En fait, les salariés craignent qu'après avoir acheté Péchiney et les brevets, faisant suer un maximum de profits aux ouvriers jusqu'en 2012, Alcan ne ferme l'usine pour produire ailleurs, là où elle estimerait que cela pourrait rapporter encore plus.

C'est bien pourquoi les salariés et la population savent qu'ils ne peuvent compter que sur leur détermination pour déjouer les calculs des gros actionnaires avides de toujours plus de profits.

Partager