Airbus Toulouse : Parachute doré pour le patron viré, mépris pour ceux qui travaillent02/05/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/05/une2022.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Airbus Toulouse : Parachute doré pour le patron viré, mépris pour ceux qui travaillent

L'an dernier, la prime d'intéressement avait été de 1 970 euros brut pour tous et la prime de participation, hiérarchisée, était entre 1 569 euros et 3 552 euros brut. Cette année, la prime d'intéressement est égale à zéro et la prime de participation entre 2,8 euros et 10 euros !

Mercredi 23 avril, le sentiment " d'être pris pour des billes " était général sur tous les sites : " Ils se moquent de nous ", " Forgeard, le patron soupçonné de délit d'initié, est viré avec 8,4 millions d'euros et nous, on n'a rien ! " Dans les ateliers, les réactions d'indignation et de mécontentement ne se sont pas fait attendre.

À la chaîne A320 Essais (à Saint-Martin), des ouvriers ont spontanément arrêté le travail dans l'après-midi. Près d'une trentaine de caisses à outils se sont retrouvées alignées au coin café. Par dérision, une collecte où chacun a donné 2,8 euros a été organisée. Venant aux nouvelles, des ouvriers de la chaîne de montage A320 les ont rejoints. Pour beaucoup, il était question d'avoir au moins l'équivalent de l'an dernier.

À la chaîne A340, à Clément-Ader, le mouvement est parti vers 16 heures, avec l'équipe du soir. Les ouvriers ont rejoint le hall d'assemblage des A340 et le flot des grévistes s'est accru. Puis, ils ont continué vers les halls de peinture. Là, un responsable syndical est intervenu pour dire que " c'était inutile ", " la grève est illégale ", etc. Peine perdue, il s'est fait huer et les grévistes sont allés, à travers les pistes, rejoindre les bâtiments de finition, des Essais en Vol... et finalement la chaîne A320, où des ouvriers du Centre de livraison des avions sont également venus. En cette fin de journée, près de 400 ouvriers étaient donc rassemblés devant le bâtiment des Relations Humaines, manifestant ainsi leur colère, pendant qu'une délégation était reçue. Ce n'est qu'à l'heure du repas que les ouvriers se sont séparés.

Quasiment au même moment, à l'usine de Saint-Eloi, où sont fabriqués les mâts réacteurs, plusieurs dizaines de travailleurs de l'équipe du soir ont arrêté le travail vers 18 heures. Ils sont allés, en délégation, dire au directeur ce qu'ils pensaient. Après le repas, l'ambiance n'était pas non plus à travailler.

À la chaîne A380, à l'usine Jean-Luc-Lagardère, c'est vers 21 heures que les ouvriers se sont arrêtés, en solidarité avec ceux des autres chaînes.

Le lendemain, à Saint-Eloi, des ouvriers se posaient la question : " Que fait-on ? " Cela signifiait : " On ne travaille pas ! ". À 9 heures, 400 ouvriers se sont rassemblés. Un délégué FO a alors fait le compte-rendu de l'entrevue : " On a transmis votre mécontentement... Ils nous ont entendus... Il faut que la direction accorde une prime exceptionnelle... Les négociations salariales vont avoir lieu... On vous remercie... Maintenant, il faut reprendre le travail... " Des applaudissements, mais aussi " Quoi ? On reprend ? Mais on n'a rien ! On les connaît, leurs promesses... ", ont accueilli ce discours.

À Louis-Bréguet, l'atelier Electrique de l'usine de Colomiers, ça s'est su que ceux de Saint-Eloi étaient en grève. Et vers 9 h 30 tous les travailleurs se sont rassemblés et sont allés voir le RH de proximité. Le grand chef venant visiter le lendemain l'atelier, il était question de remettre le couvert. Finalement, la propagande de certains délégués FO, " Attention, les gars, la CGT va récupérer votre mouvement... C'est un mouvement illégal... Il va y avoir des négociations, il faut laisser le temps aux négociateurs... ", a fait que vendredi rien ne s'est passé.

Partout, les chefs mais aussi nombre de responsables syndicaux tentent de dissuader les ouvriers d'aller plus loin. Mais à Nantes et à Saint-Nazaire le mouvement a rassemblé beaucoup de monde vendredi et semble plus déterminé. Il est question d'une assemblée générale mercredi à Nantes, Cela ne doit être qu'un début !

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