Le 13 août était la date limite imposée par Sarkozy aux familles de sans-papiers dont les enfants étaient scolarisés, pour déposer leurs dossiers en préfecture afin d'obtenir l'autorisation de rester en France. Mais cette possibilité ne concernait que ceux qui remplissaient les conditions, conditions qui en limitaient considérablement la portée: être en France depuis au moins deux ans; avoir un enfant né en France ou arrivé avant 13 ans et scolarisé en septembre 2005; avoir une précédente demande rejetée; ne pas avoir porté atteinte à l'ordre public; maîtriser des rudiments «suffisants» de français.

Sarkozy, qui sait mettre à profit toutes les occasions pour se faire valoir, s'est donc fait inviter sur France 2, le 15 août, pour donner lui-même le bilan de cette opération. Il y a eu, a-t-il affirmé, 30000 demandes, dont environ 6000, prévoit-il, seront acceptées, soit 20%. Ce qui signifie que les familles qui ont vu leur demande rejetée risquent à tout moment d'être expulsées manu militari.

Pour se justifier, Sarkozy a accusé de démagogie ceux qui défendent ces familles et protestent contre le sort qu'on leur fait. Et du même coup, il a critiqué ses prédécesseurs, les accusant d'avoir eu une politique de l'immigration irresponsable. On ne sait pas d'ailleurs à qui s'adressaient ces critiques, si c'était aux seuls socialistes, ou à ses prédécesseurs de droite. Car en la matière, ni la gauche, quand elle était au pouvoir, ni la droite n'ont eu de politique très différente.

Mais si Sarkozy est prompt à accuser ses adversaires ou ses concurrents de démagogie, il ne se prive pas d'en faire. Ainsi, comme il en a l'habitude, il a pratiqué l'amalgame entre les mesures concernant la situation des sans-papiers qui viennent de faire la queue des nuits entières aux portes des préfectures et les événements des banlieues de novembre dernier. Comme s'il y avait un rapport entre ces événements et l'immigration. Bien sûr que non. Même Sarkozy ne peut ignorer que les centaines de milliers de jeunes qui peuplent les quartiers populaires sont issus pour la plupart d'une génération de travailleurs qui se retrouve ici, en France, parce qu'on les a fait venir pour les exploiter dans les usines et dans les mines. Ils sont donc loin d'être tous des sans-papiers. Et ils n'étaient pas tous non plus, loin s'en faut, des auteurs des violences.

Mais Sarkozy préfère laisser croire que l'insécurité qu'il prétend combattre serait directement liée à l' immigration. Il sait cependant très bien que cette immigration a permis, et permet encore, aux patrons de tout acabit de trouver une main-d'oeuvre quand ils en ont besoin, quitte à la rejeter dans le chômage et la misère quand ils n'en veulent plus.

Les discours de Sarkozy riment avec démagogie. C'est du Le Pen tout craché; à cette différence près que, lui, il siège au gouvernement et siégera peut-être, après 2007, à l'Élysée.