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Dans le monde
Les geôles d'Israël
Les prisons américaines de Guantanamo ou d'Abou Ghraib ont à juste titre suscité l'indignation. On connaît moins les prisons où Israël enferme et maltraite aussi arbitrairement des milliers d'Arabes: citoyens israéliens de seconde zone, Palestiniens ou ressortissants d'autres pays de la région. Ces détentions arbitraires sont pourtant une des raisons pour lesquelles des soldats israéliens ont été faits prisonniers -ce qui a servi de prétexte à l'invasion de Gaza et à la guerre de destruction au Liban-, en vue de tenter de négocier un échange.
Israël pratique depuis 1967, et plus encore depuis l'Intifada, une politique d'arrestations massives. Selon le journal égyptien AlAhram (Al Ahram hebdo du 8 août), un quart de la population palestinienne serait passée par les prisons de l'État hébreu. Selon l'Autorité palestinienne, près de 10000 Palestiniens y seraient aujourd'hui internés, parmi lesquels quarante députés, dont Marwan Barghouti, un des leaders du Fatah et de l'OLP, et sept ministres. Fin juin, le ministre palestinien chargé des Affaires des prisonniers y a rejoint ceux dont il a la charge.
Pour la plupart, ce sont des détentions administratives, sur dossier secret auquel aucun avocat n'a accès. Aucune accusation n'est nécessaire, aucun procès n'en découle, on peut indéfiniment prolonger la mesure. Quand il y a jugement et condamnation, la fin de la peine n'amène pas la libération, dans l'arbitraire le plus complet.
Ces prisons, dans lesquelles on compte des centaines de femmes et près de 2000 mineurs (qui participent nombreux à «la guerre des pierres» et à l'Intifada), sont des lieux d'humiliation et de torture, où le racisme antiarabe s'ajoute à l'abjection commune à toutes les prisons. La malnutrition et les punitions sont monnaie courante. On se souvient du cas de cette prisonnière qui avait dû accoucher les menottes aux mains.
Selon les ONG qui s'occupent des prisonniers palestiniens, il y aurait eu parmi ceux-ci une quarantaine de décès «à cause de la négligence médicale, ou à cause des tortures, ou à cause des conditions désastreuses».
Voilà comment la «démocratie» israélienne maintient en détention arbitraire des milliers d'hommes dont la seule faute a été de lutter pour imposer les droits élémentaires que l'occupation militaire foule aux pieds.