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Dans les entreprises
Arcelor-Mittal : Ni eau de Cologne ni parfum... mais beaucoup de profits!
2,5 milliards, soit 1300euros par salarié et par mois, tel est le montant astronomique des bénéfices que le nouvel ensemble Arcelor-Mittal (320000 salariés) a annoncés début août pour le premier semestre 2006. Séparément hier, ensemble aujourd'hui, Arcelor-Mittal rapporte énormément d'argent à ses actionnaires.
Quand le premier sidérurgiste mondial, Mittal Steel, avait lancé son OPA, fin janvier, pour racheter le numéro 2 Arcelor, cela avait provoqué un tollé. La direction d'Arcelor expliquait fort modestement: «Nous produisons du parfum, Mittal de l'eau de Cologne.» Le gouvernement avait emboîté le pas de la direction d'Arcelor au nom du «patriotisme» économique. Rappelons tout de même qu'Arcelor, groupe mondial, a son siège social dans le petit paradis fiscal qu'est le Luxembourg.
Mittal a tout de même réussi à mettre la main sur son concurrent Arcelor, moyennant 25 milliards d'euros. Et le nouveau PDG de l'ensemble Arcelor-Mittal, Roland Junck, 25 milliards plus tard, a affirmé: «Nous partageons la même vision de l'avenir de notre métier», tout en ajoutant qu'il n'y aura pas de licenciements.
Mais méfiance! Car la menace des suppressions d'emplois, c'est Guy Dollé, le PDG d'Arcelor, qui l'avait agitée. Il parlait en expert, puisqu'il avait été à la direction d'Usinor, qui en son temps avait fermé et supprimé des dizaines de milliers d'emplois. A la recherche de tous les arguments possibles pour obtenir le soutien du gouvernement, des médias, même des syndicats dans sa bataille contre l'offre publique d'achat de Mittal Steel, il avait qualifié cette OPA «d'opaque, menaçante pour les salariés».
Depuis, l'eau a coulé sous les ponts, Mittal Steel a nettement revu son offre à la hausse et la fusion des deux groupes a été conclue en faveur de Mittal.
Mais à peine l'affaire a-t-elle été faite que les suppressions d'emplois ont à nouveau été évoquées. Junck a parlé de 25000 à 30000 suppressions de postes, sur les 320000 du groupe Arcelor-Mittal, se contentant de promettre qu'aucune suppression d'emploi n'aurait lieu chez Arcelor dans les cinq ans. Mais que les suppressions aient lieu chez l'ancien Mittal ne change rien à la menace. Dès avant la fusion, Mittal a par exemple parlé de se débarrasser en 2009-2010 de l'usine de Schifflange au Luxembourg, une ancienne usine d'Arcelor dont Arcelor détient encore 25% du capital.
Et puis cinq ans, c'est vite passé. Mais les travailleurs de ce nouveau groupe, qui produit 12% de l'acier mondial, sont 320000 au total. Unis et déterminés, ils disposent d'une force considérable.