Les 182 travailleurs de l'usine Laperche de Friville-Escarbotin, qui fabriquent des serrures traditionnelles, des serrures électroniques et des barillets, ont appris début juin que les patrons avaient l'intention de fermer purement et simplement l'usine dans quelques mois.. La serrurerie est, avec la robinetterie, une industrie traditionnelle de la région du Vimeu, dans la Somme, qui emploie toujours plusieurs milliers de travailleurs, directement ou indirectement, dans de nombreuses petites entreprises appartenant souvent à des groupes importants.

Laperche appartient depuis 1997 au groupe Assa Abloy, de même que les usines Fichet à Oust-Marest et Stremler à Nouvion. La multinationale Assa Abloy vient de s'offrir, pour trois cents millions de dollars, quatre entreprises situées en Autriche, au Canada et aux États-Unis. Il s'agit donc une fois de plus d'un groupe capitaliste qui décide sans vergogne, du haut de ses bureaux feutrés et pour d'obscures raisons de «rentabilité» financière, de jeter à la rue des centaines de travailleurs, dont près de la moitié ont plus de 50 ans, et d'ajouter ainsi à l'appauvrissement d'une région où le chômage touche déjà de très nombreuses familles.

Du reste, l'usine Laperche et les entreprises sous-traitantes ne sont pas les seules menacées de suppressions d'emplois dans les calculs d'Assa Abloy. Mille quatre cents emplois au total seraient supprimés par le groupe sous le prétexte habituel d'une réorganisation, la plupart d'entre eux en Europe.

Surpris par cette annonce brutale mais conscients de leurs droits, les travailleurs ont participé, le 7 juillet, à l'appel de l'intersyndicale, à une première manifestation de protestation dans les rues de Friville. Ils sont bien sûr soutenus par leurs camarades des autres entreprises du groupe Assa Abloy et reçoivent des témoignages de solidarité de nombreux travailleurs de la région. Ils sont bien décidés à ne pas en rester là et comptent défendre chèrement leurs emplois.