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Leur société
Canicule : Le gouvernement brasse de l’air
Lors de la canicule de l'été 2003, 15000 personnes étaient mortes, moins de la chaleur que de la carence des institutions médicales et sociales du pays. Des médecins avaient dit ce qu'il fallait faire pour que la catastrophe sanitaire ne se reproduise pas, alors que les climatologues prévenaient qu'un nouvel été chaud ne manquerait pas d'arriver. L'État a donc eu trois ans pour se préparer.
Pourtant, aujourd'hui, la période caniculaire se prolongeant, Patrick Pelloux, ce médecin urgentiste qui avait déjà alerté l'opinion en 2003, affirme que, de nouveau, les hôpitaux ne pourront faire face à l'afflux des malades, et que, déjà, le nombre des appels au SAMU et à SOS-médecins a augmenté, ainsi que celui des admissions hospitalières. Patrick Pelloux souligne que la politique (qui s'est avérée criminelle) de fermetures des lits hospitaliers pendant l'été, n'a pas été modifiée. Les mêmes causes créant les mêmes effets, on risque donc de voir se reproduire la situation de 2003.
Le personnel hospitalier étant trop peu nombreux, de manière permanente et pour cause de congés, le gouvernement fait appel à la bonne volonté des étudiants en médecine, des médecins et infirmiers retraités et de tous ceux qui pourraient aider dans ce domaine. Des bénévoles pourraient certainement être utiles, mais un hôpital fonctionne selon certaines normes et toute la bonne volonté du monde ne peut pas remplacer la qualification. De plus cette aide bénévole aurait pu et dû être planifiée à l'avance, les volontaires connus, recensés, déjà orientés selon leurs compétences et leurs disponibilités, mis en rapport avec les services hospitaliers où ils auraient à travailler en cas d'urgence. Mais si l'État s'occupait sérieusement de problèmes de santé publique, cela se saurait.
En dehors de la question hospitalière, le gouvernement a-t-il pris des mesures concrètes pour aider les personnes isolées? A-t-il, comme certaines communes, incité à recenser les personnes âgées, malades, isolées, mal logées? Aide-t-il les communes à leur faire apporter de l'aide à domicile? Non. Ces personnes sont souvent connues, ne serait-ce que parce qu'elles ont recours à l'aide à domicile, par le biais des municipalités, des associations ou de sociétés privées agréées. Y-a-t-il un plan pour renforcer cette aide à domicile? Des crédits sont-ils débloqués? Non. Il y a, dans toutes les villes, des personnes qui travaillent à l'aide à domicile à temps partiel, qui connaissent le métier et qui ne demanderaient pas mieux que de travailler plus. Le gouvernement leur propose-t-il quelque chose? Non. L'État délaisse les gens isolés chez eux, comme il délaisse le service hospitalier.
Cependant, pour ne pas laisser croire qu'elles ne font rien, les autorités nous abreuvent de conseils. Il faut boire, marcher à l'ombre plutôt qu'au soleil, sortir de chez soi pour aller dans des endroits frais, par exemple le cinéma et les supermarchés. Excellent conseil pour des jeunes gens en pleine forme, vivant dans une grande ville et possédant un moyen de transport. Mais que fait-on lorsqu'on est âgé, qu'on a du mal à se déplacer et qu'il n'y a pas de cinéma climatisé (ce qui est le cas dès qu'on sort des grandes villes) ou même pas de cinéma du tout? Et puis est-ce qu'on peut y rester toute la journée et regarder dix fois le même film? Et que fait-on lorsqu'on arrive au supermarché (à condition d'avoir une voiture) où il n'y a ni siège ni même bien souvent de toilettes? Là aussi, doit-on s'asseoir par terre et y passer toute la journée... en attendant d'en être chassé par les vigiles?
Tout ce que ce gouvernement est capable de faire, c'est de la publicité, des reportages sur Villepin visitant une maison de retraite et d'espérer que la température diminue. Pas pour soulager les gens. Non, juste pour ne pas perdre trop de voix aux prochaines élections.