Allemagne : Vers une régularisation limitée des sans-papiers ?26/07/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/07/une1982.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : Vers une régularisation limitée des sans-papiers ?

Dans une interview au quotidien Süddeutsche Zeitung du 22 juillet, le ministre de l'Intérieur allemand Wolfgang Schäuble, a indiqué que le gouvernement envisageait de régulariser les sans-papiers vivant de longue date dans le pays, dont il estime le nombre entre 150000 et 250000. Si cela est vrai ce serait une première dans ce pays où aucune opération de régularisation un tant soit peu significative n'a jamais eu lieu. Mais cela n'empêcherait pas une politique répressive de s'appliquer aux autres: environ 20000 expulsions ont lieu par an en Allemagne. Et d'autres sont en préparation. Par exemple des milliers d'Irakiens ont perdu au cours des derniers mois leur statut de réfugiés et les autorités des Länder examinent si elles peuvent commencer à les renvoyer dans leur pays... bien que les attentats y fassent des centaines de mort chaque mois.

De toute façon, cette régularisation ne concernerait qu'une petite partie des sans-papiers. Personne ne sait exactement combien ils sont mais, selon les estimations, leur nombre varie entre 500000 et 1,8 million de personnes, qui vivent dans des conditions précaires, sans aucun droit, avec la crainte d'être repérés lors de chaque contact social.

Pourtant de nombreux secteurs du marché du travail les utilisent: de nombreux sans-papiers travaillent, à côté de salariés «légaux», dans le bâtiment, l'agriculture et la sylviculture, l'entretien des bâtiments et des industries, l'hôtellerie et la restauration, etc. Sans oublier les milliers d'entre eux employés comme personnel de maison chez des particuliers.

Car si le patronat allemand a fait appel depuis longtemps à des travailleurs immigrés, en particulier d'origine turque, l'effondrement de l'ancien bloc soviétique lui a donné, depuis une quinzaine d'années, un accès facile à un réservoir proche et quasi illimité de main-d'oeuvre qualifiée et peu coûteuse.

Et à côté de tous ceux venus illégalement tenter de travailler en Allemagne, il y a tous les autres: réfugiés (en particulier des guerres des Balkans), déboutés du droit d'asile (de plus en plus nombreux parce que la législation est devenue toujours plus restrictive depuis 15 ans), prostituées forcées en provenance d'Europe de l'Est, étudiants étrangers n'ayant pas obtenu la prolongation de leur permis de séjour, etc. Tous survivent sans statut, en situation d'attente, tolérés ou non. Et dans certains Länder, les enfants des sans-papiers n'ont même pas le droit d'être scolarisés.

Pendant la Coupe du monde de football, les discours officiels ont inlassablement répété que le monde entier était, en Allemagne, «invité chez des amis». En revanche ceux qui ne disposent pas de papiers officiels, mais dont une bonne partie font vivre l'économie allemande, sont loin d'être traités comme des «invités».

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