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Dans le monde
Wal Mart : Un patron de choc
900 syndicats de 140 pays différents réunis pour la convention annuelle de l'UNI (Union Network International) ont décidé de lancer une campagne contre le géant américain de la distribution Wal Mart.
C'est l'occasion de rappeler les pratiques de ce groupe, qui compte plus de 5000 supermarchés dans le monde et emploie au total un million six cent mille salariés dans des conditions particulièrement lamentables. Les salaires y sont bas. Aux États-Unis, le salaire des vendeurs s'élève à un peu moins de 13000 dollars par an, soit presque mille dollars de moins que ce qu'on considère comme le seuil officiel de pauvreté pour une famille de trois personnes; les cotisations d'assurance médicale y sont exorbitantes, 600000 employés -plus de 50% des effectifs aux USA- ne sont pas couverts par l'assurance du groupe et doivent se tourner vers le système d'État réservé aux indigents.
Wal Mart a été poursuivi pour avoir employé au nettoyage des magasins 250 salariés, émigrés clandestins, enfermés à clé sur leur lieu de travail, sous le prétexte d'éviter qu'ils partent avec la marchandise. Il est attaqué par des employées et d'anciennes employées pour discrimination envers les femmes. Quant aux syndicats, ils n'y sont pas officiellement interdits mais la direction a fait fermer, en février dernier, un de ses magasins au Québec où des travailleurs venaient de créer un syndicat, en prétendant que ce supermarché n'était pas assez rentable! Le patron de la division Amériques du groupe déclare d'ailleurs: «Nous pensons que nous n'avons pas besoin d'un tiers parti pour la représentation de nos associés».
Car les salariés sont, bien sûr, des «associés» dans cette entreprise paternaliste, qui convie régulièrement des employés, triés sur le volet à travers le monde, à la grand-messe de l'assemblée générale annuelle pour leur délivrer la bonne parole. Slogans pour éduquer les salariés, pratiques répressives, incitation à la délation entre employés: Wal Mart n'a pas inventé ces pratiques, qui existent ailleurs, dans les entreprises de la grande distribution ou dans d'autres secteurs, mais elle les a bien rodées. Et tout cela donne une furieuse envie de faire rendre gorge à un patron qui, avec 288milliards de dollars de chiffre d'affaires et un bénéfice de 10milliards en 2004, a largement de quoi payer tout ce qu'il a volé à ses salariés!