Depuis 2004, le financement du RMI a été transféré de l'État aux Conseils généraux, sans compensation totale de la part du gouvernement. Et comme le chômage et la misère augmentent, le nombre de Rmistes aussi (ils sont passés de 8500 en 1990 à 30000 aujourd'hui dans le Rhône). Le RMI coûte donc de plus en plus cher aux départements, qui essaient de réduire la dépense en radiant des Rmistes.

Déjà en mai, 600 Rmistes du Rhône ont cessé de toucher leur allocation, pour ne pas s'être rendus à des convocations.

En ce mois d'août, il se pourrait qu'une nouvelle opération du même genre se prépare: 4600 des 11000 Rmistes inscrits à l'ANPE ont été convoqués pour se voir proposer d'aller faire les vendanges dans le Beaujolais. Ils toucheraient le même salaire que les autres vendangeurs et l'argent gagné s'ajouterait à leur RMI.

Des associations de chômeurs s'inquiètent et dénoncent des risques de radiation. L'ANPE s'en défend: il ne s'agirait que de réinsertion. Cependant la convocation précise que, si le Rmiste ne se déplace pas, l'ANPE ne le considérera plus comme demandeur d'emploi. D'autre part, d'après les déclarations d'un responsable de l'ANPE à la presse, une lettre sera envoyée aux personnes absentes à la convocation pour s'expliquer et, a-t-il dit, «nous regarderons au cas par cas si leurs motifs sont légitimes». Il y a là de quoi confirmer les craintes de radiation, ou en tout cas de pressions pour faire accepter n'importe quel travail.

Car les vendanges, ça ne dure que quelques semaines, et tout le monde n'est pas apte physiquement: ce sont habituellement des étudiants qui constituent le gros des 40000 vendangeurs du Beaujolais.

En fait, d'ailleurs, la plupart des viticulteurs ont déjà constitué leurs équipes et, de toute façon, ce n'est pas en proposant ces «petits boulots» passagers que la réinsertion des Rmistes pourra se faire. Pour éviter que le nombre de chômeurs et de Rmistes augmente, il serait plus efficace de sanctionner les entreprises qui, pour augmenter leurs bénéfices, suppriment des emplois, et d'embaucher dans les services publics qui, faute de personnel, remplissent de plus en plus mal leur rôle.