Privatisation des autoroutes : Le gouvernement brade les réseaux au privé24/08/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/08/une1934.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Privatisation des autoroutes : Le gouvernement brade les réseaux au privé

Les candidats à la reprise des sociétés d'autoroutes françaises viennent de se faire connaître. Le moins qu'on puisse dire c'est que le fromage -plus de 8000 kilomètres payants, constituant le premier réseau à péage d'Europe- suscite bien des convoitises de la part de groupes français aussi bien qu'étrangers puisque, selon le ministère de l'Économie, dix-huit candidats sont en lice.

Ainsi, le groupe français de construction Eiffage, intéressé par le réseau Rhin-Rhône (APRR) et par le réseau du Nord et de l'Est (SANEF), devrait être confronté à l'italien Autostrade, tandis que le trust français Vinci, qui regarde vers le réseau du Sud (ASF), devrait se trouver en concurrence avec le concessionnaire d'autoroute espagnol Abertis. De nombreuses autres sociétés ainsi que des banques et des compagnies d'assurances seraient également sur le coup. La désignation des heureux bénéficiaires devrait intervenir d'ici l'automne.

En lançant il y a un mois, sans même le soumettre au Parlement, son projet de privatisation totale des trois principales sociétés d'autoroutes, de Villepin avait annoncé ses objectifs: récupérer 10 à 13milliards d'euros qui devraient servir à alléger la dette publique.

Dans l'immédiat, le gouvernement a surtout déclenché des critiques jusque dans les rangs de sa propre majorité. À commencer par Bayrou qui, au nom de l'UDF, trouve une nouvelle occasion de se démarquer en lui reprochant de «brader les bijoux de famille». Des protestations sur le fond ou sur la procédure se sont également fait entendre au sein de l'UMP, de la part de députés comme Roselyne Bachelot et Nicolas Dupont-Aignan. Tandis que du côté du PS, qui ne veut pas être en reste, Annick Lepetit accuse le gouvernement de «brader le patrimoine de l'État», oubliant un peu vite que le mouvement de privatisation des autoroutes fut initié en 2001 par un certain Laurent Fabius, alors ministre des Finances du gouvernement Jospin.

C'est un fait qu'en cédant les parts de l'État dans les sociétés d'autoroutes, le gouvernement s'apprête à faire un joli cadeau aux sociétés privées. Même si, par le biais des enchères, cette cession se fait aux plus offrants, le prix annoncé est faible, compte tenu des 40milliards que les autoroutes sont censées rapporter dans les trente prochaines années. Quant aux automobilistes, ils risquent de faire les frais de ce cadeau, non seulement par des augmentations prévisibles des tarifs des péages, mais également par des économies sur l'entretien des infrastructures.

Quoi qu'il en soit, le produit de cette vente ne devrait représenter que 1 à 1,5% de la dette publique, qui s'élève à plus de 1000 milliards d'euros. Ce n'est donc pas cela qui allégera vraiment le déficit de l'État. Celui-ci est creusé d'année en année par les multiples aides et subventions accordées aux capitalistes et à leurs profits. Au fond, le bradage des autoroutes n'est qu'une autre façon de le faire.

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