Pays de Bitche (57) : Les patrons veulent partir avec l’argenterie24/08/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/08/une1934.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Pays de Bitche (57) : Les patrons veulent partir avec l’argenterie

25 travailleurs de l'usine Barenthal Orfévrerie ont reçu le 6août leur lettre de licenciement. Située dans le pays de Bitche en Moselle, Barenthal fabrique des couverts de table haut de gamme et avait été reprise, il y a tout juste un an, par un groupe américain, J&H International.

Il promettait des investissements sur place, le directeur affirmant: «Nous ne prévoyons ni embauche, ni licenciement.»

Des embauches, il n'y en a pas eu, au contraire, car l'effectif s'était déjà réduit de 43 à 39 quand, début juin, la direction annonçait 25licenciements. Elle menaçait même de déposer le bilan si les salariés ne les acceptaient pas. Pas gêné, le directeur prétendait: «Le site n'est pas rentable.» En fait, le groupe J&H a acheté la marque, le circuit de distribution, et veut transférer toute la fabrication en Chine.

Depuis l'annonce du plan de licenciements, et bien qu'ils ne soient pas nombreux, les travailleurs n'ont pas cessé de se mobiliser. Le 21juin, ils avaient fait le déplacement à Metz à l'occasion de la manifestation nationale de la CGT. Le 21août, avec le soutien de la population et des élus, ils ont encore organisé des barrages filtrants pour protester contre le départ des matrices, en présence de la gendarmerie, alors qu'un jugement de novembre 2003 interdisait toute sortie de machine de l'entreprise.

À défaut de conserver leur emploi, les travailleurs revendiquaient une indemnité de licenciement, en plus des indemnités légales, d'un montant de 15 à 30000 euros. La direction a lâché 11000 euros, mais avec un versement échelonné en trois fois... étalé sur quatre mois! Motif de la direction? Il n'y aurait plus d'argent dans les caisses. Les travailleurs sont méfiants et redoutent, à juste titre, un coup fourré.

Le 11 août, les salariés de Barenthal recevaient un «protocole d'accord transactionnel» qui prétendait, en échange de leur indemnité, leur interdire de parler à la presse et de s'adresser aux syndicats.

Les élus de tout bord se disent solidaires des salariés de Barenthal. Ils déplorent l'attitude du groupe J&H et se lamentent sur les délocalisations. Mais la seule façon d'arrêter les suppressions d'emplois et d'empêcher les gros actionnaires de nuire serait de s'en prendre au pouvoir exorbitant du patronat et d'interdire les licenciements.

Dans le pays de Bitche, l'emploi est en effet à ramasser à la petite cuillère: les travailleurs de Sola, Profil Métal ou Cristallerie Lorraine sont aussi victimes de licenciements... alors que les patrons ont fait des profits à la louche.

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