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Leur société
Orléans : Il faut arrêter les expulsions !
Malgré les vacances, les comités de soutien aux familles immigrées d'Orléans et de sa banlieue (composés d'enseignants, de parents d'élèves, de membres d'associations et soutenus par des partis politiques) continuent à se mobiliser pour tenter de s'opposer aux expulsions programmées par Sarkozy et la préfecture du Loiret.
Depuis début juillet, quatorze personnes ont été expulsées, dont deux enfants tchétchènes, l'un avec sa mère, l'autre avec sa soeur et son beau-frère, réfugiés en France après le massacre de leur famille.
Mercredi 17août, le tribunal administratif d'Orléans a rejeté la demande d'annulation d'un arrêté de reconduite à la frontière d'une femme malienne, qui est désormais expulsable avec sa fille Kankou, 13ans, scolarisée à Fleury-les-Aubrais.
Elles avaient fui le Mali, où la famille voulait faire subir une excision à Kankou, et étaient arrivées en France en 2003 dans le cadre d'un regroupement familial. Le père, ancien combattant en Algérie, résidait en France depuis 1996, mais il décéda brutalement en 2003 sans avoir eu le temps d'officialiser le regroupement familial.
Les propos tenus par le représentant de la préfecture devant les cinquante personnes venues les soutenir au tribunal ont choqué et écoeuré tout le monde. «L'excision, a-t-il déclaré, est une pratique privée au Mali, et non d'État, et de toute façon c'est la mère qui est menacée d'expulsion, la mineure peut rester sur le territoire français, la loi le lui permet.»
Quelques jours après, c'est une jeune Angolaise, arrivée en 2003 et fuyant la guerre dans sa province de Cabinda, qui était conduite au centre de rétention de Bobigny avec ses deux enfants. Un de ses enfants a été arrêté alors qu'il était au centre de loisirs de Fleury-les-Aubrais. Cette affaire a également soulevé l'émoi. Le maire UDF de Fleury a dénoncé cette arrestation et, dans le journal régional de France 3, s'est prononcé pour le maintien de cette famille dans sa commune.
Lundi 22 août, devant un nouvel appel rejeté par le tribunal de Paris, la jeune femme, désespérée, a déclaré qu'elle préférait abandonner ses enfants en France car le retour au Cabinda signifie «la prison ou la morgue».
Les membres des comités, bien décidés à protéger ces femmes et ces enfants, ont fait appel à la presse, aux radios et télévisions, qui ont fait état de leur combat.
La préfecture du Loiret dit qu'elle a enregistré 2989 demandes d'asile depuis 2003. C'est sans doute ce qui explique le choix du gouvernement de créer une police spéciale «suivi immigration» à Orléans. Quand on sait que depuis le début de l'année, sur Orléans, 54personnes ont déjà été expulsées, on peut craindre le pire pour l'avenir.
Il est évident que le gouvernement et Sarkozy veulent du résultat. Mais en s'en prenant de plus en plus à des femmes et des enfants qui ont tout à craindre d'un renvoi dans leur pays, ils ne peuvent que susciter la colère et l'indignation de la part d'enseignants, de voisins, de parents d'élèves, des associations et des militants qui entourent ces familles.