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Dans le monde
Laboratoire Merck : Condamné pour avoir trompé les patients
Vendredi 19 août, au Texas, le laboratoire pharmaceutique Merck a été reconnu coupable «par négligence» de la mort d'un homme de 59 ans, décédé en 2001 suite à un traitement à l'anti-inflammatoire Vioxx. Il a été condamné à payer plus de 250millions de dollars.
Le Vioxx, qui fut le fleuron du groupe américain qui l'avait commercialisé en 1999, était présenté alors comme un médicament révolutionnaire dans sa catégorie. Le succès fut au rendez-vous puisqu'il a représenté à lui seul près de 2,5 milliards de dollars de chiffre d'affaires et Merck en a vendu à 20 millions de patients dans le monde.
Mais à l'usage, des effets secondaires graves se sont déclarés. En 2001, une étude montra que la prise de ce médicament sur une longue période doublait les risques de crise cardiaque. Et d'après la Food and Drug Administration, service chargé de la sécurité des médicaments aux États-Unis, le Vioxx serait responsable, depuis sa commercialisation, de 160000 crises cardiaques et de 27785 décès aux USA. Finalement, en septembre 2004, devant les critiques et les doutes grandissants, Merck dut retirer son médicament du marché.
Pendant le procès, le trust s'est défendu en déclarant qu'il avait suivi à la lettre les procédures de contrôles pour obtenir l'autorisation de mise sur le marché et qu'il avait mené des recherches auprès de 10000 patients avant la commercialisation du Vioxx. Même si c'est vrai, ce qui est révoltant dans l'affaire, c'est que Merck n'a pas pris la moindre mesure concernant le Vioxx, malgré les premiers signaux d'alerte. Il ne voulait pas lâcher une manne aussi importante qui lui rapportait des millions de dollars.
Heureusement, ce jugement peut encourager les autres victimes. Aujourd'hui, plus de 4200 plaintes ont été déposées contre Merck dans le monde. Mais la partie est loin d'être gagnée car le laboratoire compte bien protéger son argent. Il a fait appel du jugement et un de ses responsables a expliqué que le groupe comptait faire face aux plaintes engagées «une à une lors des prochaines années». Il est apparemment prêt à dépenser des millions de dollars pour faire traîner les procédures!
Ce procès reflète bien le fonctionnement de la société capitaliste. Même dans l'industrie pharmaceutique, comme dans les autres, ce qui compte pour les patrons du secteur, ce n'est pas la santé de l'humanité mais la recherche du profit, même, parfois, au détriment des patients.