L'un des volets de la loi Fillon sur les retraites permet à tout retraité du régime général, du régime agricole ou des régimes spéciaux de plus de 55 ans de reprendre une activité rémunérée.

L'objectif annoncé est de permettre à ceux qui «le souhaitent» de continuer à travailler pour compléter leur pension. La seule restriction est que le montant cumulé des revenus ne doit pas dépasser le dernier salaire d'activité.

Le nombre de «seniors» cumulant ainsi un travail rémunéré et une pension de retraite serait actuellement de 750000. Les attaques contre les retraites, comprises elles aussi dans la loi Fillon, avec la baisse programmée des pensions due notamment à l'allongement de la durée de cotisation nécessaire pour toucher une pension à taux plein, pourraient maintenant amener de plus en plus de retraités à reprendre une activité rémunérée... et intéresse certaines entreprises.

Ainsi la première agence d'intérim spécialisée pour retraités, Actif Senior Plus, vient d'ouvrir en région parisienne. Le patron de cette agence a déjà expérimenté avec profit ce créneau à Amsterdam, aux Pays-Bas, où 300 missions d'une durée moyenne de 40 heures sont proposées chaque mois aux 6000 retraités inscrits sur le fichier de son agence. Pour attirer les patrons hésitants en France, deux arguments sont avancés: grâce à leur expérience, les retraités embauchés n'ont pas besoin de période de formation (ils sont donc immédiatement rentables) et, surtout, les charges sont réduites de 15% à 18%, puisqu'il n'y a plus de cotisations retraite.

C'est ainsi que la diminution des retraites des salariés est en plus l'occasion de fournir aux patrons une main-d'oeuvre moins chère.