Impôt sur la fortune : Des cadeaux aux plus riches24/08/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/08/une1934.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Impôt sur la fortune : Des cadeaux aux plus riches

De Villepin a annoncé cet été ses projets pour la rentrée, et en particulier qu'il comptait bien remettre à plat l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF).

En fait, cela fait plusieurs mois que le gouvernement et les médias préparent le terrain à une telle réforme. À la télévision, les reportages sur l'inadaptation de cet impôt n'ont pas manqué. Un exemple abondamment cité a été celui d'un agriculteur retraité de l'île de Ré, qui se retrouve à payer l'ISF car les bouts de terre qu'il possède depuis des dizaines d'années ont vu leur valeur exploser avec le développement du tourisme sur l'île, alors qu'il n'est pas imposable sur le revenu. Ou encore on cite, à Paris, des personnes à revenus modestes occupant un logement dont ils ont hérité il y a longtemps et qui payent l'ISF car la spéculation immobilière a fait grimper en flèche la valeur de leur bien.

C'est d'ailleurs ainsi que Breton, le ministre de l'Économie, justifie la future réforme: «Cet impôt est devenu au fil du temps, non plus un impôt sur la fortune, mais un impôt sur les économies et le logement de nos concitoyens, qui sont loin d'être tous fortunés.»

Mais tout ceci n'est qu'un écran de fumée. S'il ne s'agissait que d'empêcher des impositions aberrantes comme celles citées en exemple, il serait facile d'imaginer des correctifs. En fait, le projet de de Villepin est à la fois un cadeau pour les plus riches et les patrons, et un geste en direction de l'électorat aisé qu'il s'agit de séduire. D'ailleurs de Villepin utilise aussi un autre argument: «Nous ne protégerons bien les intérêts des salariés que si nous protégeons les intérêts de nos entreprises.» Et Breton de compléter: l'ISF est «un impôt désormais coûteux et qui peut être dangereux sur le plan économique». Il ne faut donc pas trop ponctionner les riches pour ne pas les faire fuir!

En fait, l'impôt sur la fortune n'a rien d'écrasant, contrairement à ce que le gouvernement aimerait bien nous faire croire. L'ISF rapporte peu à l'État, de l'ordre de 2,65milliards d'euros en 2004, alors que la TVA lui rapporte 120milliards et l'impôt sur le revenu 53milliards d'euros.

C'est d'autant plus un petit impôt que les exonérations sont nombreuses car, dans l'assiette d'imposition, le fisc ne compte pas les biens professionnels (machines, bâtiments...). Les actions sont prises en compte dans le patrimoine imposable mais, si un actionnaire détient 25% du capital d'une entreprise, il ne paiera pas l'ISF sur ce capital. De même, les oeuvres d'art n'entrent pas dans le calcul de cet impôt.

Mais pour les riches, payer ce peu d'impôt est encore de trop.

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