Galeries Lafayette (75) : La vitrine... et le reste24/08/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/08/une1934.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Galeries Lafayette (75) : La vitrine... et le reste

Ceux qui ont l'occasion d'aller aux Galeries Lafayette, sur les grands boulevards à Paris, peuvent voir ses vitrines alléchantes. Mais devant celles-ci des vendeurs travaillent dehors, dans des stands, en butte à des patrons aux méthodes beaucoup moins présentables.

La mairie du 9e arrondissement, «propriétaire» du trottoir, louait en 2004 l'emplacement pour 8,93 euros par stand et par jour aux Galeries Lafayette. Celles-ci les louent à des sociétés extérieures, mais elles ont un droit de regard sur ce qui y est vendu et c'est un de leurs cadres qui contrôle si, selon la législation, la température extérieure permet d'y travailler. De plus, les vendeurs ont accès aux salles de repos et à la cantine du magasin.

Les Galeries Lafayette ne sont donc pas dans les faits un simple bailleur, mais elles n'ont jamais été très regardantes sur les méthodes des patrons de ces sociétés, dont l'une, SWS Eurovente, louait 17 des 24stands. Depuis la loi Aubry et le passage aux 35heures, il faisait travailler ses employés 39heures en les payant 35... Et dès que quatre d'entre eux réclamèrent leur dû et présentèrent, en juin 2004, une liste CGT aux élections de délégués du personnel, ils furent en butte à des pressions quotidiennes.

Une quinzaine de jours plus tard, dès le mois de juillet 2004, SWS Eurovente ne gardait plus que quatre stands. Les treize autres étaient loués par les Galeries Lafayette à trois nouvelles sociétés: Fionali, Royal Thermes et Accessoirement Mode. Mais on trouvait, aux postes-clés, les membres de la même famille Hily qui contrôle SWS Eurovente!

Les quatre stands laissés au nom de SWS Eurovente étaient parmi les plus mal placés. Dans trois d'entre eux, les vendeurs ne disposaient que de 0,4 m² d'espace vital. Ils n'avaient même pas de siège pour s'asseoir et les radiateurs fonctionnaient quand ils voulaient.

Dans un premier temps, SWS Eurovente garda les 22salariés parmi les plus anciens, toutes les femmes enceintes ou qui étaient alors en congé maternité, les quatre syndiqués CGT et la majorité des travailleurs revendicatifs soupçonnés d'avoir voté pour eux. Le reste du personnel, une trentaine de vendeurs, était réparti dans les treize autres stands et employé par les trois nouvelles sociétés! Finalement, SWS Eurovente mit la clé sous la porte le 29septembre 2004, jetant à la rue les 22salariés. Ceux-ci apprirent, en venant travailler, que la société avait été liquidée la veille et que leur interlocuteur était maintenant le liquidateur mandataire! SWS Eurovente disparaissait et faisait place au montage des nouvelles sociétés de la nébuleuse Hily, avec la bénédiction des Galeries Lafayette.

Quatre travailleurs licenciés, syndiqués CGT, ont porté plainte pour licenciement abusif et l'affaire sera jugée aux Prud'hommes le 30septembre prochain. Ils estiment anormal que les patrons s'en sortent par un dépôt de bilan et que, pour leurs indemnités et le chômage, ils aient à se retourner contre le liquidateur mandataire, pour qu'au final ce soit la collectivité qui paye à la place du patron. Ils ont donc assigné les Galeries Lafayette au tribunal de grande instance de Paris et veulent mettre en évidence la complicité de ce grand groupe -qui compte aussi, entre autres, les enseignes BHV et Cofinoga- avec les méthodes du patron de SWS Eurovente. Les Galeries Lafayette ne pouvaient pas ignorer ce qui se passait devant leurs vitrines, c'est-à-dire en fait sous leurs yeux!

Dans la publicité, c'est le visage de Laetitia Casta qui représente les Galeries Lafayette. Mais cette image avenante ne doit pas cacher la réalité.

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