Du Portugal à la France : Contre les incendies de forêts, des moyens de lutte dérisoires24/08/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/08/une1934.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Du Portugal à la France : Contre les incendies de forêts, des moyens de lutte dérisoires

Les incendies font rage au Portugal depuis le début de l'été et 120000 hectares sont déjà partis en fumée. Le pays, qui connaît sa pire sécheresse depuis 1945, est en état d'alerte générale, mais ses pompiers, sous-équipés (ils ne possèdent même pas de tenue de travail adaptée), ont déjà perdu dix des leurs dans cette lutte inégale.

L'Union européenne, pas très réactive, vient d'activer sur demande du Portugal un plan de coopération de la sécurité civile. La conséquence en était, le 22août, l'envoi par la France, l'Espagne, l'Italie et l'Allemagne... de trois Canadair et de trois hélicoptères anti-incendie. Pourquoi des moyens aussi dérisoires? Parce qu'en cette saison où le feu ravage les pourtours de la Méditerranée, tous ces pays sont autant sinon plus dépourvus que le Portugal: alors que ce dernier possède 18avions d'intervention, la France en compte 21 (suite aux accidents de cet été) dont 10Canadair, l'Italie 16Canadair. Et c'est partout la même misère.

Sécheresse ou pas, les feux de forêt ne sont pas une surprise au sud de la riche Europe. Mais depuis des années, les États ne renouvellent pas leur flotte. Les appareils, vétustes, sont de plus en plus nombreux à être immobilisés au sol pour entretien. Certains d'entre eux, comme les Trackers, dont l'un vient de s'écraser, ont été conçus dans les années 1960, et acquis d'occasion dans les années 1980. Le dernier Canadair français a été acheté il y a huit ans. Les 40hélicoptères anti-incendie ont pour certains vingt à trente années de service; en 2005, la France n'en a acquis que trois nouveaux.

Quand un pompier ou un pilote d'avion meurt, les ministres se déplacent pour verser leur larme de crocodile, font une petite tape dans le dos de ses collègues, et pour le reste, rien de change. On nous dit que l'équipement anti-incendie coûte cher: un Canadair coûte 21 millions d'euros pièce. Mais tout cela résulte de choix. La France, par exemple, va acquérir dans les prochaines années pas moins de 200 avions Rafale au prix de 45 à 89 millions d'euros pièce (selon leur équipement). Du côté des effectifs, c'est la même logique qui prévaut: sur les 240000 pompiers en France, seuls 44000 sont professionnels, civils ou militaires -alors que l'effectif des forces armées est de près de 300000 hommes. La lutte des pompiers ces dernières années, pour faire reconnaître la dangerosité de leur métier, avait reçu pour toute réponse de violentes charges de CRS.

Quant à la coopération européenne en matière d'incendie, elle est en retard sur la coopération en matière de défense. Les états-majors préparent des scénarios d'interventions militaires conjointes, mais pas de plan de lutte coordonnée contre les incendies de forêts. Plutôt que préserver celles-ci et les conditions de vie de leurs propres habitants, ils préfèrent acheter de coûteux joujoux meurtriers pour arroser les marchands de canons et, éventuellement, pour défendre leur domination.

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