La Poste : Précarité systématique21/10/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/10/une1890.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste : Précarité systématique

Le tribunal des prud'hommes de Châteauroux a condamné la direction de La Poste à 60000 euros d'amende pour avoir imposé, en sept ans, 345 contrats à durée déterminée à une même employée, tour à tour guichetière, femme de ménage, remplaçante de chef de bureau ou factrice, dans des bureaux différents, et jusqu'à 50 kilomètres de son domicile.

Pour sa défense, La Poste explique que "ce sont des CDD parfois d'une journée, d'une matinée, voire de quelques heures, en fonction du travail, de la nécessité de faire face aux absences imprévues, des saisons. Et ce afin d'assurer notre mission de service public". Si La Poste prétend encore à l'occasion remplir une mission de service public, elle avoue ainsi utiliser systématiquement des emplois les plus précaires possibles.

Ce recours choquant à des CDD à répétition n'est pas exceptionnel, il tend à devenir la règle. La Poste avait déjà été condamnée à 15000 euros d'amende en avril dernier, dans les Côtes-d'Armor, et deux condamnations avaient été prononcées dans l'Indre, en 2002. Selon le syndicat CGT, La Poste signe pour ce seul département environ 12000 contrats CDD chaque année avec un millier de personnes; sur l'ensemble du pays, elle emploie, selon la CGT, 30000 personnes en CDD (la direction en reconnaît 17000). La Poste prétend qu'elle n'a pas le choix car, voyez-vous, elle doit faire face à des pics d'activité saisonniers pendant les vacances d'été, lors des fêtes et pour répondre au père Noël... Bref, c'est la précarité de l'emploi en permanence.

Pour se dédouaner, le président de La Poste annonce qu'il est en train de faire baisser la proportion de CDD et que, l'an dernier, plus de deux embauches sur trois résultaient de la transformation de CDD en CDI. Cela prouve seulement qu'il y a eu très peu d'embauches, et le dirigeant de La Poste passe sous silence les nouvelles formes d'emplois précaires et sous-payés qui se développent, comme l'intérim et l'apprentissage. Quant au travail en CDI lui-même, les salaires d'embauche, proches du smic, sont encore inférieurs à ceux des "fonctionnaires", pourtant bien modestes, et l'écart se creuse avec l'ancienneté. Ainsi, La Poste réalise chaque année une économie plus importante sur la masse salariale car le nombre de "contractuels" augmente et celui des "fonctionnaires" diminue au fil des départs en retraite. L'économie est d'autant plus considérable que les embauches en CDD ou en CDI sont loin de compenser les départs: un sur deux n'est pas remplacé, ce qui a conduit, selon les chiffres de La Poste, à la suppression de 3754 emplois en 2003 et à une aggravation des conditions de travail pour tous.

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