La Poste - Bordeaux : Déménagements et réaménagements, ça ne passe pas25/06/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/06/une1873.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste - Bordeaux : Déménagements et réaménagements, ça ne passe pas

En 1997, La Poste a délocalisé à Bordeaux et à Nantes, dans des centres télégérés, une partie des "services clientèle" des centres financiers de Paris et de La Source.

À Bordeaux, 480 personnes ont été installées dans un immeuble baptisé Paris-Aquitaine, à l'écart du centre-ville, pour gérer les comptes CCP et CNE (Épargne) des usagers habitant les départements de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne.

Les agents avaient alors droit à une place de parking gratuite pour leur voiture et beaucoup ont choisi leur lieu d'habitation en fonction de cela.

Mais, en 1998, La Poste a décidé de regrouper en centre-ville de Bordeaux, avec les plus de mille agents qui étaient dans l'immeuble du centre de chèques postaux, les 480 agents de Paris-Aquitaine et aussi le personnel de la direction départementale qui occupe actuellement un immeuble classé monument historique.

Pour avoir un gain de superficie, trois étages supplémentaires ont été construits sans modifier la hauteur totale de l'immeuble, mais en abaissant les hauteurs sous plafond.

Ces lourds travaux de rénovation, doublés d'un chantier de désamiantage de l'immeuble, ont duré près de cinq ans. Ils se sont déroulés en site occupé, sans déménagement du personnel de La Poste. Cet énorme chantier a généré d'innombrables nuisances pour l'ensemble du personnel. Mais comme seul dédommagement, la direction n'a offert qu'une prime maximale de 200 euros et un seul jour de compensation!

Un lourd contentieux existait donc déjà entre le personnel des Chèques postaux et la direction. Est venu s'y ajouter le mécontentement du personnel de Paris-Aquitaine.

Trois semaines avant le déménagement, qui a eu lieu fin mai, un mouvement de protestation a démarré sur le centre télégéré de Paris-Aquitaine. Le personnel réclamait la prise en charge totale par La Poste des frais de transports en commun, mais aussi l'attribution de parkings gratuits et des compensations pour le temps de trajet supplémentaire et les déménagements.

Plusieurs délégations de plus d'une centaine d'agents se sont rendues chez le directeur. En réponse, celui-ci les a décrétées interdites et a décidé de retirer de la paie de juin un ou deux jours de salaire... à 115 agents qui avaient pourtant travaillé ces jours-là.

Mais la mobilisation n'a pas faibli et les assemblées générales, avec parfois 150 personnes, ont continué à se tenir.

Le jour du regroupement, le 24 mai, a été inauguré par une grève commune du personnel des deux centres.

L'unité des agents s'est d'autant plus renforcée que l'ensemble du personnel a été indigné par l'annonce faite par la Communauté urbaine de Bordeaux de l'augmentation des tarifs des parkings publics, qui passent de 38 à 90 euros... et de celle de 25% des transports en commun pour les trajets concernant le travail.

Si la direction pensait que cette journée de grève du 24 mai n'était qu'un baroud d'honneur, elle a été déçue! Une assemblée générale convoquée la semaine suivante a regroupé plus de 200 personnes. Les directeurs qui ont voulu la traverser ont été sifflés et ont dû faire demi-tour sous les huées du personnel.

Lundi 14 juin, des heures d'information syndicale ont réuni 230 personnes... du jamais vu!

Cette mobilisation se maintient d'autant plus que la direction a ouvert un autre front de contestation en profitant de la fin des travaux pour mettre en place une nouvelle organisation du travail appelée OCRE2. Celle-ci officialise la mise en chantier de nombreuses tâches qui deviennent répétitives. Pour beaucoup, c'est un retour en arrière de vingt ou trente ans des conditions de travail.

De nouvelles assemblées générales et des diffusions massives de tracts devant la cantine ont été programmées.

Tous les participants étaient très contents et ces réunions ont été largement commentées sur le centre, bien au-delà des présents. Les discussions vont bon train pour savoir comment entretenir la mobilisation pendant la période des congés pour redémarrer de plus belle à la rentrée.

Avec plus de 2000 postiers à présent regroupés sur l'immeuble, quand on compte les guichetiers, les facteurs ou le personnel de la direction régionale, la direction a du souci à se faire.

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