Impôts : Les cadeaux sont pour les plus riches11/03/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/03/une1858.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Impôts : Les cadeaux sont pour les plus riches

34 millions de contribuables viennent de recevoir leur déclaration d'impôt. De quoi faire grise mine, pour de nombreux ménages populaires qui y sont assujettis et qui n'ont pas les moyens de minorer ce qu'ils doivent verser au fisc. En revanche, cette année, les riches et tous ceux qui disposent de hauts revenus auront encore plus de dispositifs pour alléger leur facture fiscale.

A commencer par la révision des barèmes, avec une baisse de 3% qui avantagera bien plus les gros revenus que les smicards. Ainsi, selon le Snui (Syndicat national unifié des impôts), un couple avec deux enfants et disposant de 500000 euros de revenus annuels économisera 7025 euros sur ses impôts, alors que le même couple avec 40000 euros devra se contenter d'une remise de 49 euros. Cette politique qui vise à atténuer la progressivité de l'impôt ne date d'ailleurs pas du gouvernement actuel puisque, depuis 1996, le taux d'imposition de la plus haute tranche est passé de 56,8% à 48,09%.

Autre avantage concédé aux foyers les plus aisés, l'abattement d'impôt de 50% pour les frais liés à l'emploi d'une personne à domicile. Le plafond de ces dépenses passe de 7400 à 10000 euros; ceux qui paient plus de 5000 euros d'impôts pourront ainsi profiter pleinement de cet avantage.

Raffarin soigne également les gros portefeuilles boursiers. En doublant le plafond d'exonération, il leur permet de vendre jusqu'à 15000 euros de titres sans rien devoir au fisc. Même traitement pour les dividendes, exonérés jusqu'à 2440 euros, au lieu de 1220 l'an dernier.

Il faut encore citer les nombreux dispositifs favorisant ceux qui investissent dans l'immobilier locatif. A commencer par la loi Robien: plus avantageuse que la loi Besson, elle permet aux propriétaires d'exiger un loyer très proche des tarifs pratiqués dans le secteur privé, voire supérieurs (jusqu'à 18 euros par mètre carré et par mois, par exemple, pour un logement neuf en banlieue parisienne), tout en bénéficiant d'abattements d'impôt sur les loyers encaissés et d'une réduction de l'ensemble de leurs revenus imposables (jusqu'à 10700 euros par an). On pourrait encore ajouter les relèvements des taux d'abattement d'impôt pour les investissements locatifs réalisés dans les DOM-TOM, qui passent de 25 à 40 ou 50%, selon les cas, ou pour les investissements dans les résidences de loisirs.

Gageons qu'en dépit de tous ces cadeaux, les riches continueront à se plaindre qu'ils paient toujours de trop... et qu'ils seront entendus pour l'an prochain. Les smicards comme la majorité des salariés et des retraités, eux, continueront à payer plein pot.

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