1,5 milliard d'euros pour les restaurateurs : Les patrons veulent tout garder !11/03/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/03/une1858.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

1,5 milliard d'euros pour les restaurateurs : Les patrons veulent tout garder !

En ces temps de campagne électorale, le gouvernement Chirac-Raffarin avait annoncé qu'à partir de 2006 la TVA sur la restauration passerait de 19,6% à 5,5%, grâce à un marchandage dans la coulisse de l'Union européenne. Restait la période intermédiaire. Ce gouvernement, qui n'a pas d'argent pour les retraites, pour la Sécu, pour les chômeurs, avait annoncé aux restaurateurs un cadeau royal de 1,5 milliard d'euros, étalé sur dix-huit mois. Du côté de Bercy, on s'interroge maintenant sur l'art et la manière de verser cette jolie prime.

Initialement, il était question que ce cadeau aux patrons de restaurant prenne la forme d'un allégement de charges sociales. Mais en y regardant de plus près, les experts du ministère des Finances se sont rendus compte que, dans cette branche où l'on paye les salariés avec un lance-pierres, il y avait surtout des smicards, et donc des salaires sur lesquels il n'y a quasiment pas de charges sociales à supprimer, vu qu'elles l'ont déjà été pour l'essentiel. Bercy s'est donc orienté vers une prime d'un montant variant de 125 à 150 euros, qui serait versée au propriétaire du restaurant autant de fois qu'il y a de salariés. Cumulé avec les baisses de cotisations sociales existantes, cela représentera un cadeau de 400 à 500 euros par salarié, selon qu'il touchera plus du SMIC ou seulement le SMIC.

Pour compliquer le tout, le gouvernement souhaite aider seulement les restaurateurs, ce qui signifie que, dans les cas où la restauration se combine avec une autre activité, il faudra évaluer la part d'activité salariée qui revient à la restauration. Même problème avec la restauration rapide, où seule la restauration "sur place" sera ainsi "aidée". Enfin il y a le problème des petits restaurateurs qui travaillent sans personnel, pour qui une ristourne en fonction du chiffre d'affaires ou une prime pour l'activité du conjoint sont envisagées.

Dans tous ces projets, les créations d'emplois ne sont même plus évoquées, il s'agit d'arroser purement et simplement une profession traditionnellement proche de la droite. Un arrosage qui rapportera évidemment plus aux gros restaurateurs qu'aux petits. Il n'est pas plus question d'améliorer les salaires de la profession, dans l'ensemble assez bas. Les restaurateurs ont même fait savoir qu'ils n'étaient pas emballés par cette prime par salarié, trop "lisible", comme ils disent. Ils craignent en effet qu'elle ne donne l'idée à leurs employés de réclamer des augmentations de salaire. Les patrons de restaurant préféreraient de beaucoup une aide invisible... pour pouvoir entièrement se la garder. Là aussi, si les salariés pouvaient contrôler les comptes, ils en apprendraient certainement de belles sur leur patron qui les lanterne en même temps qu'il se goinfre toutes les aides!

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