- Accueil
- Lutte ouvrière n°1829
- Un lecteur nous écrit... les intermittents au centre Beaubourg à Paris
Divers
Un lecteur nous écrit... les intermittents au centre Beaubourg à Paris
L'agrément par le gouvernement du protocole d'accord sur l'assurance chômage des intermittents du spectacle, le 6 août, n'a pas mis fin à leur combat. Simplement, comme nous l'écrit un lecteur, «jusque-là les intermittents en lutte réclamaient le non-agrément de l'accord... Maintenant, il nous reste quatre mois pour empêcher son application, qui pourrait se faire progressivement à partir du 1er janvier 2004». Dès le lendemain une action s'est donc déroulée à Paris.
«Le jeudi 7 août, jour de la publication au Journal Officiel de l'agrément, une action a été organisée, avec pour cible le Centre Beaubourg qui héberge le Musée National d'Art Moderne. Nous étions quelque 300 interluttants à se rendre au rendez-vous non loin de là, à 18 h 30, dans la plus grande discrétion: il n'est pas si facile de faire pénétrer un si grand nombre de personnes dans un bâtiment public avant que ne surgissent les CRS! Cette fois-ci tout s'est bien passé. Les CRS sont arrivés après nous et ont d'abord encerclé le bâtiment. À l'extérieur, les intermittents prévenus par téléphone qui s'accumulaient sur le parvis leur ont chanté une chanson spécialement pour eux: «Moi je suis un CRS, devant la porte je me dresse! Et quand je pense à mes enfants, et au monde qui les attend...» À l'intérieur, des banderoles ont été suspendues depuis les escalators. Vu de l'extérieur, le bâtiment étant tout en verre, cela était bien visible et assez chouette. Pendant ce temps la direction faisait évacuer le public, évidemment sans lui donner d'explication sur ce qui se passait. Nous avons donc dû user de nos voix et d'un mégaphone pour informer la foule sur pourquoi nous étions venus.
Au dernier étage, sur la terrasse de cet immense bâtiment, se trouve le café Costes, un établissement privé où le meilleur champagne se vend 1000 euros la bouteille. C'est là que nous nous étions réfugiés dans le calme quand, arrivant pour nous encercler, les CRS n'ont pas trouvé de moyen plus élégant que d'exploser une baie vitrée qui se trouvait sur leur passage. Heureusement, leur violence ne s'est exercée que contre les bâtiments, et nous avons pu ressortir sains et saufs vers 23 heures. Même si la police a confisqué notre banderole, nous étions bien contents de nous être fait entendre auprès du public d'un musée qui s'est montré compréhensif, et nous a même en partie rejoints dans l'action.»
Et, depuis, la lutte continue, notamment à l'occasion des festivals comme celui de la Chaise-Dieu ou d'Aurillac. Pas question d'accepter «un mode de calcul qui ferait que des dizaines de milliers d'intermittents ne seraient plus indemnisés, et se retrouveraient avec l'allocation spécifique de solidarité ou le RMI.»