«Que ce soit dans la famille ou dans le voisinage, il ne faut pas rester indifférent aux volets clos». C'est ce que déclarait Raffarin, samedi 16 août, lors d'une visite dans une maison de retraite. Autrement dit, si 5000 vieillards sont morts de la canicule c'est parce que la population serait indifférente à la misère d'autrui.

À croire que Raffarin a oublié qu'il appartient au gouvernement actuel.

C'est sans doute par égard pour les personnes âgées qu'en janvier dernier le gouvernement a amputé de 103 millions d'euros, sur 183, les crédits destinés aux maisons de retraite. Un grand nombre de ces établissements manque cruellement de personnel et des moyens les plus élémentaires de confort. Les maisons de retraite sont, pour la plupart, dépourvues de climatisation. Or, lors de la canicule, un maintien des chambres à une température inférieure à 23° pendant la nuit aurait sans doute permis d'éviter la catastrophe. Pire, même les gestes les plus simples, comme hydrater les pensionnaires, c'est-à-dire les faire boire et humidifier leur peau, leur tête, à l'aide d'une simple serviette mouillée, n'ont pu être effectués, faute de moyens et surtout de personnel. Si bien que, parmi les personnes âgées admises aux Urgences des hôpitaux, une proportion importante provenait de ces établissements.

C'est sans doute aussi en guise d'attention envers les plus vieux et les plus démunis qu'en mars dernier le gouvernement a revu à la baisse l'allocation personnalisée d'autonomie -l'APA- qui permet aux personnes âgées d'avoir recours à des aides ou des services à domicile, ou de voir une partie des frais pris en charge lorsqu'elles sont en maison de retraite. Sous prétexte d'une augmentation du nombre de demandes et d'un manque de 1,2 milliard d'euro dans les caisses, le plafond de ressources mensuelles pour percevoir l'aide maximum est passé de 949 à 623 euros. Et, pour les bénéficiaires qui vivent chez eux, la participation au financement des prestations est passée de 5 à 15%. Sans parler de l'allongement des délais avant de recevoir cette aide qui fait que, désormais, les personnes âgées doivent attendre plusieurs mois avant de bénéficier de l'APA et donc se débrouiller ou y renoncer.

Alors, Raffarin peut remballer ses leçons de morale.