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- Lutte ouvrière n°1829
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Dans les entreprises
Peugeot (Poissy, 78) : La direction fait payer aux ouvriers le recul des ventes
Alors que l'usine ne cesse de supprimer des postes de travail et d'accroître la charge de travail de chacun, et après des mois où la moindre panne devait être rattrapée en heures supplémentaires, la direction de l'usine PSA de Poissy a annoncé fin juillet, pour l'équipe C, de nuit, l'arrêt d'une des deux lignes de production à partir du 13 octobre prochain. Objectif: faire baisser la production de l'usine de 1575 à 1260 véhicules par jour.
Cinq cents embauchés PSA devront passer dans une des deux équipes de jour et 750 intérimaires (sur les 1050 actuellement à l'usine) seront mis à la porte.
Lors des entretiens individuels, le ton se voulait rassurant: l'arrêt de l'équipe de nuit n'est pas définitif, nous disait-on, chacun retrouvera sa place six ou huit mois plus tard; grâce à une assurance, la perte de salaire sera progressive, par tranche de 10 euros environ chaque mois; les intérimaires auront priorité de réembauche, et d'ailleurs une cellule composée de sociétés d'intérim, de l'ANPE et de représentants d'entreprises de la région sera créée à l'usine dès le 15 septembre, pour aider chacun à se reclasser d'ici là...
Ces prétendues assurances ne calment pas les inquiétudes ni ne résolvent les problèmes. Certains intérimaires ont renoncé à aller voir leur famille au pays cet été. Trop loin et trop cher, s'il y a le chômage au bout. Il y a aussi la crainte que l'équipe de nuit arrête définitivement. Cela provoquerait à terme une perte de salaire d'environ 300 euros pour les ouvriers PSA. Et puis il y a tous les tracas liés à la mutation en équipe de jour: qui sera muté? dans quel secteur? sur quel poste? Qui restera en équipe de nuit?
Certains chefs, pourtant chargés de rassurer, n'ont pas pu s'empêcher de laisser entendre que ceux qui ne sont jamais malades et ceux qui acceptent les heures supplémentaires seront les mieux servis.
Les arguments par lesquels PSA justifie cette mesure, ainsi que l'arrêt au 31 juillet d'une équipe à Rennes et des équipes de VSD (travaillant les vendredi, samedi, dimanche) à Sochaux, sont que le marché automobile européen a reculé de 3% et le marché français de 7,8% au premier semestre 2003 par rapport au premier semestre 2002, et que l'euro monte par rapport aux autres monnaies. Mais tout cela n'a pas empêché que le chiffre d'affaires de PSA progresse de 1,4% sur la même période. Ce qui le chagrine, c'est que ses marges ne sont «que» de 4,6% pour ce semestre, contre 5,6% pour le même semestre de 2002. Cela représente tout de même un profit de 1,078 milliard d'euros, après des années et des années de profits encore plus importants.
Pour PSA, les aléas du marché, de la Bourse et des monnaies doivent être supportés par les travailleurs, pas par les actionnaires. Alors que l'usine de Poissy met 750 travailleurs à la rue, l'usine Citroën d'Aulnay a déjà annoncé que tous les samedis de la rentrée seraient travaillés en heures supplémentaires en raison du «succès» de la C3. Et là, pas question d'embaucher.