Pannes d'électricité : USA, Canada, le retour à la bougie ?20/08/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/08/une1829.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Pannes d'électricité : USA, Canada, le retour à la bougie ?

Jeudi 14 août, en une heure, le réseau électrique de tout le nord-est des États-Unis et de plusieurs grandes villes du Canada a subi une gigantesque panne, provoquant une énorme pagaille.

50 millions de personnes se sont retrouvées brusquement bloquées dans les ascenseurs, le métro, les trains. Dans les rues de New York, Toronto, Detroit, faute de feux rouges, on a assisté à des embouteillages monstres. Les bus bondés étant bien insuffisants pour évacuer le flot des employés... ceux-ci ont dû, faute de transports, rentrer chez eux à pied, ou dormir dehors, dans les halls d'immeubles ou dans les parcs, sans pouvoir bien entendu utiliser leur téléphone portable sur le réseau saturé, ni leur carte de crédit...

Finalement, la solidarité s'est organisée et les 24 heures qu'a duré la panne n'ont, par chance, pas eu de conséquences trop graves pour la majorité de la population.

Mais comment la rupture d'une seule ligne à haute tension peut-elle aboutir à de telles conséquences, dans le pays le plus riche du monde? «Nous sommes une superpuissance avec un réseau électrique du Tiers Monde», a déclaré l'ancien secrétaire à l'Énergie de Clinton, un connaisseur puisqu'il a fait partie des responsables de la déréglementation du marché de l'électricité, qu'ont organisée Démocrates et Républicains et qui est, dans le fond, la cause de cette panne, comme de celles qu'avait connues la Californie en 2001.

Car si le réseau électrique est aujourd'hui incapable d'alimenter en toute fiabilité la zone très peuplée qui s'est retrouvée dans le noir le 14 août, c'est que les compagnies productrices et les «traders», qui achètent et vendent l'électricité en spéculant quotidiennement sur les aléas de la production et de la consommation, se sont bien gardés de prendre en charge les investissements lourds de modernisation du réseau de transport qui auraient dû accompagner, depuis des années, l'augmentation de la consommation.

Aujourd'hui, après la panne, Bush reconnaît la nécessité de dépenser 50milliards de dollars pour moderniser le réseau. Mais qui va les débourser? Probablement pas les compagnies productrices. L'État, sans doute, ou, d'une façon ou d'une autre, les contribuables. Aux États-Unis comme ailleurs, les financements, quand il y en a, sont publics ou payés par les consommateurs, et les profits sont privés, et intouchables.

Et même si l'État américain finit par dépenser ces 50 milliards de dollars, il y a gros à parier que les trusts de l'électricité trouveront encore le moyen de s'enrichir au passage, sans même résoudre le problème de fond révélé par la panne du 14 août et lié à l'anarchie capitaliste qui règne dans ce domaine de l'économie comme dans les autres.

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