Libye, Grande-Bretagne, États-Unis, France : Les affaires sont les affaires20/08/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/08/une1829.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Libye, Grande-Bretagne, États-Unis, France : Les affaires sont les affaires

Le 21 décembre 1988, un Boeing américain de la Pan Am explosait en vol au-dessus de l'Ecosse, à Lockerbie. Près d'un an plus tard, le 19 septembre1989, un avion français d'UTA explosait de la même manière au-dessus du désert du Niger. Dans les deux cas, on n'a jamais su exactement quelles étaient les raisons ni les commanditaires de ces attentats, mais seulement, dans les débris, on a trouvé des traces d'explosifs et de détonateur. Bien des rumeurs ont couru mais, fondées ou infondées, les accusations se sont portées sur le régime libyen de Kadhafi.

En 1992, quelques années plus tard, le Conseil de sécurité de l'ONU décida des sanctions économiques et un embargo partiel contre la Libye, que les États-Unis avaient, entre-temps, rangée parmi les «nations terroristes».

Finalement la Libye a reconnu son implication (mais pas nécessairement sa responsabilité) dans ces attentats. Elle a accepté, en 1999, de verser 208 millions de francs aux victimes et à la compagnie d'aviation, dans le cas de l'attentat du vol UTA.

En 2001, un arrêt de la cour de cassation mettait fin officiellement aux poursuite intentées contre le chef de l'État libyen. Les autorités françaises achetaient pour l'équivalent de 30 millions d'euros la possibilité de se rabibocher avec la Libye, l'épisode des années de conflit à propos du Tchad étant considéré comme terminé.

C'est que la Libye est un des très gros producteurs de pétrole. Début 1999, un consortium de trusts pétroliers européens, dont Total représente 40% des capitaux, a découvert un nouveau gisement et voulait accroître les productions d'autres puits. De plus, le régime a décidé, depuis déjà de longues années, d'équiper et de moderniser le pays. D'où de gros contrats d'équipements industriels et agricoles en vue. La France était donc sur les rangs et ne demandait qu'à accroître ses investissements, quitte à «oublier» les victimes de l'avion d'UTA.

Mais les autorités américaines et britanniques ont fait exactement la même démarche et viennent d'obtenir 2,7 milliards de dollars (à peu près autant en euros). En échange, le Conseil de sécurité de l'ONU mettrait fin aux sanctions, et les Américains cesseraient de considérer la Libye comme un «pays terroriste», avec tout ce que cela implique comme possibilités d'investissements par la suite.

Du coup, il apparaît que les «Français» auraient pu obtenir beaucoup plus! Les familles des victimes de l'attentat du vol UTA, qui n'ont jamais cessé de protester contre la sordide diplomatie française, ont à nouveau crié au scandale, tant et si bien que de Villepin menace de ne pas voter la fin des sanctions au Conseil de sécurité si les victimes du vol UTA n'obtiennent pas un «traitement équitable», c'est-à-dire comparable à celles de Lockerbie.

En réalité, le sort des victimes et de leurs familles n'importe pas plus à de Villepin qu'à ses homologues américains et britanniques, et encore moins aux requins du pétrole, du gaz, du BTP et autres, qui ne songent qu'à classer ce dossier au plus vite, et à faire des affaires.

Pourquoi et pour qui sont morts les passagers de ces avions? La Libye a été accusée, mais quels «coups tordus» cache cette affaire? À quelles sordides manoeuvres les puissances impérialistes, dont la France, se livraient-elles à ce moment-là vis-à-vis de la Libye? Tout cela est tombé aux oubliettes, sauf pour les parents des victimes.

Il ne reste plus qu'une histoire de (très) gros sous pour passer l'éponge et pour que les capitalistes puissent tranquillement faire des profits.

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