Irak : L’enlisement de l’occupation américaine20/08/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/08/une1829.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : L’enlisement de l’occupation américaine

Plus de cent jours après la fin officielle de la guerre en Irak, l'attentat qui a eu lieu mardi 19 août contre le bâtiment de l'ONU à Bagdad a fait dix-sept morts, dont le représentant spécial de l'ONU en Irak, Vieira de Mello, et plus d'une centaine de blessés.

C'est un attentat spectaculaire. Mais on ne sait pas qui en est l'auteur. On peut bien sûr s'interroger sur les objectifs recherchés par les auteurs de cet attentat. Une chose est sûre: avec de telles méthodes, ils ne défendent pas les intérêts du peuple irakien. Cependant cela s'inscrit dans un climat où l'occupation américaine devient de plus en plus insupportable pour la population, où la conduite des représentants de l'ONU peut être assimilable à celle du reste des puissances impérialistes.

Il apparaît de plus en plus qu'en se lançant dans l'occupation militaire, les États-Unis se sont placés dans une situation sans issue, même si malheureusement c'est la population irakienne qui en paye le prix.

Indépendamment de cet attentat, chaque jour donne lieu à des incidents entre les troupes US et la population. Les soldats multiplient ainsi les gestes qui les font détester. On en a eu un exemple avec ce journaliste palestinien abattu parce que sa caméra avait été confondue avec un lance-missiles. Chaque jour, l'occupation américaine s'enfonce un peu plus dans un bourbier. Les sabotages, attentats, attaques et émeutes sont devenus son lot quotidien. On compte désormais 62 soldats américains tués depuis la fin de la guerre.

Chaque jour qui passe, avec son lot d'exactions et de répression, avec ses contrôles d'identité musclés et ses arrestations arbitraires, amène de nouveaux opposants à la coalition anglo-américaine. Des centaines de civils irakiens ont été tués par l'armée américaine (peut-être six cents, selon une organisation humanitaire); et des milliers de prisonniers croupissent à nouveau... dans les mêmes geôles que du temps de Saddam, rouvertes par les soins de l'armée américaine.

C'est ce comportement de la puissance occupante qui génère une résistance qui peut venir aussi bien des milieux restés fidèles à l'ancien dictateur, des milieux chiites qui aspirent à lui succéder, mais même de simples Irakiens écoeurés de voir que leur sort continue de s'aggraver.

La puissance américaine paye ainsi de n'avoir rien fait pour améliorer le sort concret de la population, qui reste privée des moyens les plus élémentaires d'existence. Et cela après des dizaines d'années de dictature, plus de dix ans de guerre, et douze ans d'embargo imposé par l'impérialisme. La population irakienne doit maintenant subir l'occupation d'une armée pour qui lutter contre la dégradation de la situation sociale, alimentaire et sanitaire n'est pas la priorité.

On voit ce qu'il en est de toutes les justifications de ceux qui, avant la guerre, disaient que l'intervention armée allait ouvrir la voie à un avenir meilleur pour la population irakienne. En réalité, c'est la continuation de la misère et de l'oppression, et peut-être aggravée par une occupation militaire chaque jour plus insupportable.

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