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- Lutte ouvrière n°1829
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Hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris 13) : Des services asphyxiés
À l'hôpital Pitié-Salpêtrière, la vague de chaleur a créé une situation critique. Mis à part les blocs opératoires, les salles de réveil et de radio, aucun service n'est climatisé. En Orthopédie, dans une chambre, il a fait 46°, tandis que la climatisation est tombée en panne une matinée au bloc opératoire alors qu'il y faisait 35°.
Dans certains offices infirmiers, la température est montée à 35°. Quelques ventilateurs ont été octroyés à des malades mais la plupart ont dû être achetés par les familles. Pour le personnel, aucun ventilateur n'a été accordé. Les Urgences, surchargées de travail, ont été débordées. Des personnels de ce service ont écourté d'eux-mêmes leurs congés pour venir en renfort. Il était difficile d'évacuer les malades vers les autres services, fermés pour 30% d'entre eux en été. Les nombreuses personnes âgées, déshydratées, ont été réparties n'importe où, du moment qu'une place se libérait, indépendamment du personnel disponible et, souvent, là où le personnel était déjà restreint. Dans le pavillon où se trouvent des salles de gériatrie, la situation a été dramatique car il fallait hydrater, perfuser, changer, rafraîchir en permanence, et l'aide ponctuelle qui a été apportée était bien en dessous des besoins.
Au pavillon Cordier où se trouvent les Urgences, au pavillon de neuro-chirurgie, la machine à glaçons n'a plus fourni de glace et il devenait difficile de faire baisser la température des patients atteints de 40° de fièvre. Une note de service destinée à tout l'hôpital, aux services de soins comme aux ateliers, a interdit au personnel de se servir en bouteilles d'eau minérale, car elles étaient réservées aux patients. Au personnel de se débrouiller pour se procurer de l'eau fraîche. Aux Urgences, il n'y avait pas un seul point d'eau pour les familles qui attendaient pendant des heures.
Mais, miracle, mercredi 13 août, une tonne de glace était livrée et des bouteilles d'eau affectées aux Urgences tandis que des lits étaient libérés par l'annulation d'interventions jugées non urgentes. Enfin, le recours à l'intérim devenait effectif: le plan Blanc entrait en action! Il faut dire que, le jour même, le ministre de la Santé venait rendre visite à l'hôpital.
À l'issue de cette période, nous sommes nombreux à avoir le sentiment que l'aide est arrivée trop tard, qu'il y a eu beaucoup trop de décès et qu'il a fallu se débrouiller par ses propres moyens. Oui, «en haut», ils n'ont pas été à la hauteur de la situation.