Hôpital Beaujon (Clichy - 92) : Un lourd bilan20/08/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/08/une1829.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpital Beaujon (Clichy - 92) : Un lourd bilan

À Beaujon, un peu plus de soixante décès liés à la chaleur ont été enregistrés entre le 7 et le 18 août.

Les notes de service sur la nécessité d'hydrater les personnes âgées n'ont pas manqué. Ce n'est pas pour autant que tous les postes de soins disposaient de bouteilles fraîches. Il a même fallu huit jours pour que de simples vaporisateurs soient distribués.

Quant aux fontaines réfrigérées, les anciennes, alimentées sur les canalisations, ont été supprimées il y a des années, car les germes y proliféraient. Mais elles n'ont pour l'instant pas été remplacées par d'autres, alimentées par des bonbonnes. Le seront-elles enfin?

Le plan Blanc n'a été décrété que le jeudi 14 dans l'après-midi. Mais il n'était de toute façon pas applicable: où chercher les agents partis en vacances? Quant au nombre de lits rouverts pour accueillir les malades encombrant les urgences, il n'a été que d'une douzaine. Il n'aurait d'ailleurs servi à rien d'en ouvrir davantage dans les conditions actuelles: qui aurait pu s'occuper des malades supplémentaires ?

Car le plus grave est que rien n'a été fait pour augmenter les effectifs. La direction a multiplié les notes, incitant le personnel à renoncer aux repos supplémentaires et aux jours de RTT. Mais cela n'a pas eu grand effet, car bien rares étaient ceux qui pouvaient prendre de tels repos en été, même dans les conditions ordinaires, faute d'effectifs suffisants.

Certains établissements ont recruté des intérimaires. La direction de Beaujon, elle, n'y a plus recours depuis des années, pour des raisons budgétaires. Elle n'a pas dérogé à cette attitude pendant la canicule.

Du coup, faute de renforts, les urgences ont fonctionné au prix d'innombrables heures supplémentaires accomplies par le personnel.

La direction n'a pas recruté non plus de main-d'oeuvre temporaire. Cela n'aurait posé aucun problème de qualification, car n'importe qui peut apprendre en un instant les gestes élémentaires qu'on doit accomplir vis-à-vis d'une personne âgée qui se déshydrate.

Dans les services, des soignants ont dû «doubler» leur équipe, c'est-à-dire travailler l'après-midi en plus du matin, faute de relève. Quinze heures par la chaleur qui régnait, quand après sept heures on ne rêve déjà que de prendre sa douche et de se coucher!

Inutile de dire que la vague annonce d'une prime exceptionnelle par Raffarin a fait tristement sourire, comme la promesse de jours de repos supplémentaires. Ce n'est pas cela dont nous avons besoin, mais de conditions normales en permanence, qui nous permettent de ne pas nous trouver au plus mal dans les périodes de crise.

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