Bata (Moussey, 57) : Que sont devenusles ouvriers licenciés?20/08/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/08/une1829.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Bata (Moussey, 57) : Que sont devenusles ouvriers licenciés?

Lors de la fermeture de l'usine Bata fin 2001, 526 ouvriers ont été licenciés. 435 étaient à reclasser car ne pouvant bénéficier de mesures d'âge. Sur ce nombre, 349 ont été pris en charge par la cellule de reclassement. Moins d'une centaine ont aujourd'hui un emploi fixe.

Cela n'a pas empêché le journal Le Monde du 14 août dernier, dans un article tirant le bilan des plans «sociaux», d'expliquer que «ceux de Philips et de Bata s'en sont mieux sortis». Et d'ajouter que, à Bata, «252 ont retrouvé une solution et 58 restent en recherche d'emplois». Le Monde n'était pas le seul à avancer ces chiffres puisque, le 12 juillet, l'Est Républicain titrait lui aussi que la cellule de reclassement avait «réussi à reclasser 252 anciens salariés».

À Bata, le reclassement n'a pas été confié à un service public, l'ANPE, mais à une entreprise privée qui se fait du beurre avec les licenciements, le cabinet Altédia. Société cotée en Bourse, Altédia a fait 84,2 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2002 et 8,6 millions de «résultat d'exploitation». Ajoutons que le PDG est un ancien conseiller de Chirac et de Barre, du temps où ils étaient Premier ministre. Société commerciale qui vend du reclassement comme d'autres vendent des chaussures ou du chocolat, Altédia a tout intérêt à vanter ses réussites dans la reconversion, quitte, pour cela, à torturer quelque peu les chiffres.

Car, sur les 252 travailleurs de Bata qui auraient «retrouvé une solution», il n'y avait en réalité, fin juin dernier, que 102 embauches définitives en CDI qui, mi-août, ne sont déjà plus que 98. Pour arriver à trouver 252, Altédia a ajouté aux embauches en CDI les ouvriers en contrat temporaire, d'intérim, en formation, etc. Voilà ce que Le Monde appelle «retrouver une solution»!

Pour les travailleurs, passé la période où le chèque de la prime de licenciement a permis d'éponger les dettes, de changer la voiture, les meubles ou l'électroménager, la réalité n'est pas celle-là. Au bout du congé de conversion, ce sont les Assedic qui ont pris le relais. Mais pas tout de suite: il y a un délai de carence pour qu'elles se mettent en place en fonction du montant de la prime de licenciement, des jours de congés payés ou d'ancienneté non encore pris. Chez Bata, le délai de carence a été de 110 à 120 jours selon les salariés. Quatre mois pendant lesquels les travailleurs licenciés ne percevaient plus de salaire et pas encore d'indemnités de chômage!

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