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- Lutte ouvrière n°1827
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Leur société
Marie Trintignant
On imagine généralement que la violence conjugale ne se rencontre que dans les milieux défavorisés, que ces drames ne surviennent que sur le terreau de la misère et de l'inculture. La mort de Marie Trintignant, actrice belle, douée, connue, réputée et admirée, est là pour dire que même dans les classes aisées et fortunées, même dans les milieux cultivés, la violence des hommes sur les femmes sévit souvent et, parfois, tue.
En France, selon les études, entre 10 et 14% des femmes, soit plus de deux millions, subissent des violences conjugales. Six femmes en meurent chaque mois, soit... plus de soixante-dix femmes chaque année! Cette réalité n'est malheureusement pas surprenante dans une société où les femmes doivent le plus souvent supporter la domination des hommes tant dans la vie professionnelle que dans la vie sociale et politique et où, en dépit des déclarations sur l'égalité entre les sexes et la parité homme-femme, la misogynie est rarement considérée comme intolérable.
Il y aurait eu une dispute entre Marie Trintignant et son compagnon. Mais ce n'est pas lui qui a été frappé à mort !
Les hommes ne sont que très rarement l'objet de violences de la part de leur compagne. Une question de rapport de forces physique? Oui, bien sûr. Mais aussi et surtout une question de rapport de forces social. Car la domination masculine qui, dans certains couples, va jusqu'à s'exercer par la violence souvent verbale et parfois physique, n'est finalement que le prolongement de cette oppression liée au sexe que les femmes subissent et qui s'ajoute à l'oppression sociale.
Ce ne sont ni l'alcool ni la drogue sous l'emprise desquels se trouvait Bertrand Cantat qui sont responsables de sa violence, mais le rôle imparti aux hommes dans la société, l'assurance de leur domination. Ceux qui prétendent que la drogue les coupe des misères du monde extérieur, leur procure un esprit plus vif et une intelligence plus grande ne se rendent pas compte que la drogue ne change pas un ange en brute, elle n'en enlève que le masque.