Le scandale des prisons continue07/08/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/08/une1827.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le scandale des prisons continue

"L'individu n'existe pas dans le milieu carcéral. Ce monde est tellement fermé qu'il devient une zone de non-droit", a déclaré José Bové à sa sortie de prison, rendant publics quelques exemples sur les conditions de vie intolérables faites aux détenus. Ainsi, un détenu malade du sida, avec une hépatite et marchant à l'aide d'une béquille à qui l'on refuse une libération conditionnelle. Ou encore cet autre maintenu en détention alors qu'il est aveugle et se déplace en chaise roulante, tandis qu'un troisième est privé des visites de sa compagne parce qu'elle est handicapée et que les visites se déroulent au premier étage.

C'est d'une façon générale que les prisons françaises surpeuplées font vivre les détenus dans des situations intolérables. Ce constat est répété régulièrement, mais rien ne change. Déjà, il y a trois ans, un livre publié par l'ancienne médecin-chef de la Santé avait mis à nu les graves manquements du système carcéral français. A l'époque, des rapports parlementaires avaient été votés à l'unanimité, droite et gauche réunies, dénonçant cette situation et promettant d'y mettre fin.

Force est de constater que trois ans après, rien n'a changé, ou plutôt cela n'a fait qu'empirer! Le taux moyen d'occupation des prisons françaises est de 140%, mais il y a de grandes disparités. La maison d'arrêt de Loos près de Lille, par exemple, contient 1170 personnes pour 485 places! Pas étonnant qu'une révolte s'y soit produite récemment.

Les témoignages de détenus font apparaître des conditions de vie dégradantes: cinq personnes pour 12 m² de cellule, la possibilité de prendre une douche trois fois par semaine seulement, des odeurs de toilettes ou de sacs poubelle insupportables, la chaleur étouffante en été, le manque d'activité et parfois même de promenade car les cours sont trop petites.

Cela n'empêche pas le ministre de la Justice, Perben, de dire: "Je ne peux admettre une contrainte quantitative de place, car les magistrats doivent être libres de pouvoir incarcérer les personnes sans tenir compte des capacités d'accueil dans les prisons". Comme si ce n'était pas déjà le cas! Mais ce genre de discours a pour but de plaire à la partie réactionnaire de l'électorat, et de montrer que le gouvernement n'a pas l'intention de consacrer de l'argent pour assurer aux détenus des conditions de vie décentes.

Cela ne résoudrait évidemment pas les problèmes, en particulier ne modifierait pas l'arrière-fond de chômage et de désespoir qui conduit à certaines formes de délits et pousse à l'augmentation de leur nombre. Mais ce serait la moindre des choses qu'un détenu ne soit pas condamné à une double peine: des conditions de vie indignes en plus de la perte de liberté.

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