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Leur société
Les agriculteurs défendent leurs conditions d'existence
Lundi 26 mai, plusieurs milliers d'agriculteurs se sont rassemblés dans diverses villes pour manifester leur opposition aux projets de réforme de la "politique agricole commune" (PAC) qui se préparent à Bruxelles et sur lesquels la discussion commençait, ce même lundi, en conseil des ministres européens de l'Agriculture.
Les agriculteurs craignent en particulier les conséquences du changement de la base de calcul des aides. Il devrait s'effectuer non plus en fonction de la production ou du nombre de bêtes mais en fonction de la surface des exploitations, ce qui ne peut que favoriser les grandes exploitations. Ils protestent également contre la diminution annoncée des aides, entraînée par le plafonnement des crédits alloués à la PAC alors que l'intégration de dix nouveaux pays à l'Union européenne signifie une augmentation importante du nombre de paysans bénéficiaires des aides. La politique de prix bas à la production, alors que les prix à la consommation augmentent, est également dénoncée, en particulier par la Confédération paysanne qui y voit le résultat de "la pression croissante de l'agro-industrie". Si la baisse des prix permet aux produits des grandes exploitations agro-industrielles et aux chaînes qui les commercialisent d'être compétitifs, elle s'accompagne d'une dégradation importante des conditions de vie de toute une catégorie d'exploitants, petits ou moyens, surtout lorsqu'elle est conjuguée à la baisse des aides.
Contre ces facteurs, parmi d'autres, les agriculteurs ont donc exprimé leur refus d'être les victimes des économies décidées par les institutions européennes. Au fil du temps, celles-ci ont mis en place un système de réglementations et de soutiens publics qui bénéficie aux plus gros des agriculteurs. Et si, aujourd'hui, avec l'élargissement de l'Union européenne, elles décident de faire des économies et de baisser les aides et primes diverses, on peut être certain que ce sont les plus petits exploitants qui trinqueront.
Dans les rassemblements du 26 mai, probablement préludes à bien d'autres manifestations de colère des agriculteurs puisque la PAC sera réellement réexaminée à partir du 11 juin prochain, tous les manifestants n'étaient certainement pas de petits agriculteurs ou exploitants. Les gros de l'agriculture ne se sont jamais gênés pour descendre dans la rue et devant les préfectures afin de revendiquer des améliorations pour eux-mêmes, tout en prétextant la situation des petits exploitants face aux autorités européennes et au gouvernement français. Mais le fait est que le système de marché, qui règne sur l'agriculture comme sur l'ensemble de l'économie capitaliste, broie sans pitié les plus petits des agriculteurs. Et lorsque ceux-ci protestent pour défendre leurs moyens d'existence face à une poignée de politiciens européens au service des sociétés de l'agro-alimentaire, ils ont bien raison.