La journée du 3 juin : À Marseille, Lyon, Saint Brieuc, Grenoble...05/06/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/06/une1818.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La journée du 3 juin : À Marseille, Lyon, Saint Brieuc, Grenoble...

À Marseille, la manifestation du 3 juin était formée de deux cortèges, l'un avec la CGT et la FSU, l'autre avec FO et l'UNSA, qui, partis de deux endroits différents de La Canebière, se sont rejoints place Castellane.

Les travailleurs des services publics étaient certes nombreux, tels ceux des hôpitaux, de La Poste, des Chèques postaux, des Impôts ainsi que les cheminots et les agents de la RTM (Régie des transports marseillais). Mais ils étaient au coude à coude avec de nombreux groupes de salariés du privé: Hôpital Saint-Joseph, LIDL, Rivoire et Carret, Lustucru, Escota, Bronzo, SOFTAL-Péchiney, les professions portuaires, CEGELEC, Ascométal, Naphtachimie, Casino...

La grève des bus et du métro était pratiquement totale, à tel point que l'arrivée des cars pour la manifestation a provoqué un énorme embouteillage à l'arrivée de l'autoroute nord dans Marseille, Porte d'Aix. La grève a été reconduite mercredi 4 et paraissait bien suivie.

Des enseignants s'adressant à une entreprise proche disaient: Ferry recule sur nos problèmes, mais le plus important, c'est la réforme des retraites, et là-dessus, vous le privé, vous avez besoin de nous et, nous le public, nous avons besoin de vous.

Dans le cortège des enseignants, le slogan le plus repris était "Ni jeunes dans la galère, ni vieux dans la misère, y'en a assez de cette société-là!".

Un jeune d'une entreprise de réparation navale regrettait qu'il n'y ait eu un appel que pour quatre heures de grève, disant que "c'est bidon, ce serait mieux de pouvoir faire la manif jusqu'au bout".

Un surveillant de lycée, qui faisait grève pour la première fois, disait que, dans son lycée, ils étaient dix surveillants au début de l'année et n'étaient plus que deux, une vraie catastrophe, alors si cela s'aggrave encore...

Un médecin scolaire: "Il y avait plus pour les retraites après la guerre, alors que la société était beaucoup moins riche".

Une banderole remarquait: "Nous ne prenons pas les élèves en otages. Ils s'en servent de boucliers".

Et puis une pancarte: "L'éducation coûte trop cher? Essayez l'ignorance!"

Lyon

La manifestation du 3 juin à Lyon, si elle était moins importante que celle du 13 mai, l'était plus que celles des 25 et 27 mai. Et il y avait beaucoup d'ambiance.

Car, si les enseignants formaient toujours une grande partie du cortège, et la plus dynamique, les autres catégories professionnelles étaient nombreuses aussi, en particulier les services publics: les communaux, les territoriaux, l'EDF, La Poste et les Télécoms, les hôpitaux, les transports et la SNCF.

Il y avait aussi des travailleurs d'entreprises privées, de la métallurgie (RVI, CIAPEM...), de la chimie (Rhodia, Aventis, ATOFINA...), bien que moins nombreux, et même des grévistes du magasin Le Printemps.

À La Poste, aux Télécoms et dans les hôpitaux, la grève était globalement minoritaire, bien qu'il y ait eu des différences suivant les secteurs, mais des assemblées générales continuent à avoir lieu tous les jours, auxquelles parfois viennent assister des enseignants du même secteur.

Les communaux de Vaulx-en-Velin sont en grève reconductible depuis lundi 2 et ceux de Vénissieux ont commencé mardi.

Quant à la SNCF, la grève a été presque totale dans beaucoup de secteurs: à la gare de la Part-Dieu, il ne circulait que quelques TGV pour Paris, et dans ces secteurs, la décision a été prise de continuer le mercredi.

À l'assemblée générale des enseignants après la manifestation, l'ambiance était à la poursuite de la grève, car le report à septembre de la décentralisation ne satisfait personne et le témoignage d'un cheminot sur la grève à la SNCF ne pouvait que donner envie de continuer.

Un nouveau "temps fort" avec manifestation était prévu jeudi 5 juin.

Saint-Brieuc

Loin de s'essouffler, la manifestation de ce mardi a montré que la grève des personnels de l'Éducation nationale avait des ressources. Plus de 6000 personnes se sont à nouveau retrouvées dans la rue, moins bien sûr que le 13 mai, où l'on n'avait pas vu autant de monde depuis... la grève du Joint Français en 1972, mais plus que toutes les autres journées.

Et cette fois, en plus des salariés des autres services publics, un nombre non négligeable venant du privé avait fait le choix de débrayer, et pour beaucoup de manifester.

L'assemblée départementale a, après bilan des assemblées générales locales, voté la reconduction de la grève. Et si quelques participants faisaient état des difficultés -réelles- rencontrées ici ou là pour maintenir la mobilisation, l'annonce de la reconduction de la grève mercredi par les cheminots, la DDE, les postiers du centre de tri, les impôts... a soulevé à nouveau l'enthousiasme.

Car tous les participants, comme ailleurs, sont bien conscients que l'avenir du mouvement est lié à son élargissement.

À Grenoble

Depuis vendredi 30 mai, dans la région grenobloise, des tracts ont été diffusés en direction des salariés du secteur public comme du secteur privé: les discussions sont faciles et l'accueil souvent chaleureux. Dans la vallée du Grésivaudan, voisine de Grenoble, des contacts ont été pris par les personnels de l'Éducation nationale en grève avec l'Union locale CGT. Cette vallée qui s'étend de Domène à Pontcharra est ouvrière et, depuis une dizaine d'années, de nombreuses entreprises ont fermé ou ont été victimes de réductions d'effectifs.

Tout le monde était d'accord sur le fait que c'était le moment d'appeler à y aller, et un tract commun a été rédigé. Depuis, des travailleurs du privé de l'UL participent à nos assemblées générales de secteur, racontant les conditions de travail dans leurs entreprises, nous encourageant à tenir le coup, y compris pour les examens, convaincus eux aussi que c'est le gouvernement qui prend les élèves en otages.

Depuis samedi 31 mai, le tract commun était diffusé sur les marchés, devant les grandes surfaces, aux carrefours, avec les travailleurs du privé volontaires. C'est ensemble aussi que nous avons argumenté face à ceux, très minoritaires, qui traitaient les fonctionnaires de nantis, et que nous avons rappelé que les seuls privilégiés, c'était les patrons!

Ce samedi-là, un pique-nique était organisé, en commun encore, au lac de la Terrasse. Près de 300 parents d'élèves, ouvriers et grévistes de l'Éducation nationale se sont retrouvés autour d'une exposition rappelant les problèmes de la décentralisation et des retraites, et d'un apéritif offert par l'association de parents d'élèves d'une commune ouvrière. Rendez-vous était pris pour des diffusions, lundi matin, devant toutes les entreprises du secteur, chaque fois attendues par des délégués et des ouvriers prévenus au cours du week-end par l'Union locale. La manifestation du 3 juin devait être massive, chacun l'espérait, et un prélude au démarrage de la grève dans d'autres secteurs que l'Éducation.

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