Enseignants et personnel de l'éducation nationale donnent une belle leçon au gouvernement05/06/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/06/une1818.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Enseignants et personnel de l'éducation nationale donnent une belle leçon au gouvernement

Le mouvement tient bon dans l'Éducation nationale. Le 3 juin, les enseignants et les autres catégories du personnel de l'Éducation nationale constituaient la principale composante de la plupart des défilés et les marquaient, une nouvelle fois, par un enthousiasme et un dynamisme qui ont fait contagion. Les chiffres donnés par le gouvernement lui-même (47,8% de grévistes dans le primaire, 35,7% dans les lycées), en augmentation par rapport aux jours précédents, la participation aux assemblées générales (900 à Nantes au soir du 3 juin, 400 à la Bourse du travail de Paris) témoignent de la vitalité et de la ténacité du mouvement qui s'est construit au fil des jours. Commencé pour les premiers dès la fin mars, il a réussi non seulement à surmonter la coupure des vacances de Pâques, mais s'est amplifié considérablement.

Aujourd'hui, le gouvernement est contraint d'en convenir. Il en rabat sur son arrogance des premiers jours. Dans une sorte de duo, mettant en scène les "bons" et les "méchants", les ministres se partagent les rôles. Raffarin a réaffirmé à l'Assemblée nationale sa "détermination à renforcer la République"; Fillon, lui, a écarté devant la même Assemblée tout "retrait", "report" ou "réécriture" de son projet sur les retraites. Alors que, dans le même temps, Sarkozy, qui a désormais la charge de surveiller le ministre de l'Éducation nationale Luc Ferry, a déclaré: "Tout est négociable" en ce qui concerne la décentralisation...

C'est un premier recul, purement verbal pour l'instant, mais un recul quand même. Il ne trompe pas les grévistes et les manifestants de l'Éducation nationale. Ils ont compris la manoeuvre du gouvernement, qui tente de scinder le mouvement, de dissocier les enseignants et les grévistes de l'Éducation nationale des autres catégories de salariés, afin d'avoir les mains libres pour imposer son projet de démolition des retraites. La ficelle est grosse et, comme le disent des manifestants, "on n'a pas fait deux mois de grève pour se laisser berner par des promesses", qui plus est qui ne concernent pas l'essentiel: les retraites.

Mais cette manoeuvre du gouvernement, destinée à faire diversion, peut jouer le rôle inverse et constituer un encouragement à continuer dans l'Éducation nationale, mais aussi dans les autres secteurs.

Ce n'est pas au moment où le gouvernement montre qu'il lui faut prendre en compte les exigences de "la rue", qu'il traitait avec mépris, que le mouvement doit faiblir. Bien au contraire.

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