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Seine-Saint-Denis : Les travailleurs sociaux dénoncent la pénurie d'hébergements et de logements
Jeudi 30 janvier, plusieurs centaines de travailleurs sociaux manifestaient sur le parvis de la préfecture de Bobigny, pour protester contre le manque criant d'hébergements et de logements sociaux en Seine-Saint-Denis.
C'est quotidiennement que les travailleurs sociaux, et en premier lieu les assistants et assistantes sociales, sont confrontés aux drames de gens démunis et qui se retrouvent jetés à la rue. C'est de pire en pire. Du côté des autorités, le peu qui était fait pour pallier cette situation diminue. Après s'être réunis à plusieurs reprises en assemblées générales en novembre, décembre et janvier, les travailleurs sociaux ont décidé de lancer une pétition sur le département et de faire un rassemblement devant la préfecture, à Bobigny, le 30 janvier.
L'appel avait été lancé par une coordination de travailleurs sociaux de différents syndicats, ou non syndiqués, et d'associations. Une lettre ouverte-pétition, dénonçant la situation et adressée en premier lieu au président de la République, au Premier ministre et au président de l'Assemblée nationale, a recueilli dans les jours précédant la manifestation plusieurs milliers de signatures auprès des salariés des services sociaux du département, mais aussi auprès de la population.
La manifestation a donc rassemblé des travailleurs sociaux (assistantes sociales, éducateurs, etc de différents services sociaux du département), des militants d'associations et des familles concernées par le problème. Les passants exprimaient souvent leur solidarité.
Pendant qu'une délégation était reçue par le sous-préfet et une autre par le Conseil général, nous avons écouté les travailleurs sociaux nous livrer leur témoignage : ils ne peuvent plus remplir leur mission essentielle, l'accès aux droits et notamment le droit au logement. " Il n'y a plus de place d'hébergement ", " le 115 ne répond pas ", " tous les hôtels sont pleins ", " il n'y a pas de places, on ne peut pas vous hospitaliser ", " l'Aide sociale à l'enfance ne finance plus l'hébergement à l'hôtel ", telles sont les réponses qu'ils doivent donner quotidiennement aux personnes en détresse.
Des personnes, des familles sont en errance faute de solutions d'hébergement et de logement. Une infirmière a expliqué que des gens sans abri sont contraints de passer la nuit sur une chaise aux urgences à l'hôpital ! Des assistantes sociales en sont réduites à demander l'hospitalisation de femmes avec enfants en bas âge, faute de structure d'accueil !
Mais c'est aussi l'insuffisance de l'offre de logements sociaux qui a été dénoncée : il faudrait construire, en nombre, des logements qui permettent aux personnes de vivre dignement.
Plusieurs élus ou militants de partis ou d'associations ont pris la parole pour apporter leur soutien. Un élu de Lutte Ouvrière au Conseil régional d'Ile-de-France a transmis le message de solidarité d'Arlette Laguiller et a souligné que la Seine-Saint-Denis est aujourd'hui un des départements les plus pauvres de France, qui aurait d'autant plus besoin de financements pour répondre aux besoins croissants de logements et d'hébergement, comme aussi de santé, d'éducation. Il a été applaudi.
Le sous-préfet, qui recevait la délégation, s'est contenté de proposer une table ronde sur les questions soulevées. Le Conseil général se dit d'accord avec la dénonciation de la situation, mais sans moyens. L'affaire est donc loin d'être réglée. Nous comptons bien nous manifester à nouveau en entraînant de plus en plus de monde, parmi les salariés des services sociaux et dans la population.